Travail, Emploi et formation professionnelle : les revendications d’agents exaspérés

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Ils s’élèvent contre des réformes dont l’effet est notamment le recul des effectifs, entre autres par le non-remplacement des personnels partant en retraite, ce qui dégrade davantage encore leurs conditions de travail. Des agents de l’administration du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion organisaient un rassemblement devant le ministère le 22 juin.

Les agents sont purement et simplement exaspérés, résume Vadim Hosejka, secrétaire général de FO TEFP (Travail, Emploi et Formation Professionnelle). La mobilisation du 22 juin qui a réuni des dizaines d’agents, dont de nombreux inspecteurs du travail, découle directement de ce sentiment partagé par de plus en plus de fonctionnaires de cette administration. A l’appel d’une intersyndicale comprenant FO, les fonctionnaires se sont rassemblés devant le ministère. Une délégation syndicale a été reçue par le cabinet de la ministre du Travail.

Principal motif de ce ras-le-bol : la baisse continue des effectifs et la multiplication des réformes. On en est à la quatrième réforme en dix ans, soupire le secrétaire général. A chaque fois, des changements qui ne vont pas dans le bon sens, et qui, souvent, compliquent la vie des agents plutôt qu’ils ne la simplifient. Avec comme premier sujet d’inquiétude, donc, le recul des emplois. Chaque année, nous perdons en moyenne 2,5% du personnel, mais cette année, nous sommes à 4%.

Des réorganisations qui facilitent les suppressions de postes

Pourquoi une telle diminution ? C’est la suite logique de plusieurs décisions gouvernementales, et notamment la mise en place de la « réforme OTE » (Organisation Territoriale de l’État), qui organise entre autres la fusion de services. Nous sommes dans un pic de départs massifs à la retraite souligne le militant, mais on nous demande de ne pas remplacer ces postes. De plus, on nous dit que certains postes seront moins utiles, en raison de la dématérialisation du travail. Les réorganisations sont un prétexte pour faciliter les suppressions de postes et non pour améliorer le service rendu aux usagers.

Conséquence, il y a des sections d’inspection qui n’ont plus d’agents de contrôle depuis des années. Il n’y a que des intérims, donc peu de suivi. Certains services sont déserts. Il y a des organigrammes fantômes avec des noms qui ne correspondent à rien. La charge de travail augmente donc pour ceux qui restent, et les inégalités de situations entre régions également. C’est l’usager qui va finir par en pâtir, martèle Vadim Hosejka, en termes d’effectifs, on n’est plus à l’os, on est à la moelle.

Autre motif de la mobilisation, la perte des moyens généraux, c’est-à-dire que les services chargés d’appuyer les agents dans leur quotidien (comme par exemple les Ressources Humaines ou le service de paie) ont été déplacés hors des locaux.

Une amélioration des grilles d’ici la fin de l’année ?

Dernier coup sur le moral des agents, les tracasseries administratives et changements informatiques liés à la réforme OTE. Ces changements affectent leur travail, en raison de nombreux dysfonctionnements. On devait passer d’une administration 2.0 à une administration 3.0. Finalement, on est plutôt revenu à 1.0, résume le secrétaire général de FO TEFP. Les agents sont plus que jamais sonnés et démotivés. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé, isolant certains salariés dans un télétravail, certes nécessaire mais rendant l’action syndicale difficile.

Les agents alertent aussi sur la fuite des compétences. Depuis 3 ans, les candidats au concours d’inspection du travail sont en effet de moins en moins nombreux. L’explication se trouve en partie dans les grilles de salaires peu attractives, dont le ministère a promis une réévaluation mais qui tarde à venir.

A l’issue du rassemblement, la délégation syndicale reçue par le ministère du Travail a toutefois obtenu quelques avancées. Premièrement, la promesse que les secrétariats généraux communs (entre les directions départementales interministérielles/DDI et les préfectures) Assureraient des permanences dans les locaux des agents. Et d’autre part, que la DRH traiterait les dossiers bloqués des agents qui se sont retrouvés sans affectation de poste suite à la nouvelle organisation dictée par la dernière réforme. Enfin, les agents espèrent que les suppressions de postes vont cesser, que les grilles des salaires des inspecteurs du travail seront réévaluées d’ici la fin de l’année 2021, et que les agents de catégories C pourront bénéficier d’un plan de transformation en catégorie B.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus