Terminés les confinements et le port des masques est loin derrière nous. Mais les salariés de la « deuxième ligne », dont le travail a été salué pendant la période de pandémie, continuent d’assurer les services essentiels, comme ils le faisaient déjà durant la crise Covid. Peut-être se souviennent-ils de phrases du président de la République, Emmanuel Macron, déclarant alors que notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal
. Or, qu’ils soient travailleurs agricoles, caissiers ou encore agents d’entretien, leur situation, au plan des rémunérations, est toujours loin d’être satisfaisante comprend-on à la lecture d’une étude de l’Insee publiée mi-octobre.
A temps plein, un salaire moyen net mensuel inférieur à celui des autres ouvriers et employés
Ces travailleurs (6,8 millions de personnes, soit 29% des salariés du privé), dont les tâches sont essentielles, sont ceux dont le salaire net moyen a le plus chuté entre 2019 et 2022. En euros constants, donc inflation prise en compte, ce salaire (en équivalent temps plein/EQTP) a reculé de 0,7 % en trois ans. Pour les autres salariés du privé, ouvriers et employés, le recul est moindre, à 0,2 %. Pour l’ensemble des salariés du privé, le salaire net moyen a augmenté sur la période de 0,9%. L’Insee constate encore que pour les salariés de la deuxième ligne restés en place (dans leur emploi sur la période 2019-2022, ndlr), le gain de pouvoir d’achat de leurs salaires (+2,5 % entre 2019 et 2022) est nettement inférieur à celui des autres employés et ouvriers (+3,2 %) ou de l’ensemble du secteur privé (+5,0 %).
Ces salariés de la deuxième ligne percevaient en moyenne 1 830 euros nets par mois (en équivalent temps plein) en 2022, contre 1 858 pour les autres ouvriers et employés, souligne l’étude de l’Insee. Les salariés les moins bien lotis sont les aides à domicile (1 576 euros), les agents d’entretien (1 651 euros) et les vendeurs en produits alimentaires (1 652 euros).
Pour FO, seule l’augmentation des salaires est la réponse pérenne au maintien du pouvoir d’achat des salariés du public comme du privé
, rappelle régulièrement la confédération et notamment son secrétaire général, Frédéric Souillot. Le gouvernement doit utiliser tous les leviers à sa disposition pour favoriser des augmentations de salaires, à commencer par une revalorisation significative du Smic. Et FO revendique le retour d’une échelle mobile des salaires.
Une prime ne remplacera jamais une augmentation de salaire
En 2020, les salariés de la « deuxième ligne » ont davantage perçu de primes exceptionnelles telle la prime de pouvoir d’achat (Pepa) devenue prime du partage de la valeur (PPV), que les autres salariés du privé. Ils étaient ainsi un quart à en bénéficier sur cette période (pour un montant moyen de primes de 584 euros), contre 19 % des autres salariés du privé (ouvriers et employés), lesquels ont perçu un montant moyen de 576 euros. Toutefois, ce traitement plus favorable des salariés de la « deuxième ligne » s’agissant de la PPV n’a pas duré : En 2022, la part des bénéficiaires de ces primes est plus faible au sein de la deuxième ligne (21 %) que parmi les autres employés et ouvriers (24 %) ou parmi l’ensemble du privé (26 %), contribuant à une évolution salariale d’ensemble qui leur a été moins favorable
, constate l’Insee.
Comme le rappelait la confédération dès le mois de mars 2021 : pour ces travailleurs de la « deuxième ligne », une prime ne peut remplacer une augmentation de salaire !
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Des salariés plus souvent à temps partiel
Outre une moindre reconnaissance salariale, les salariés de la deuxième ligne
subissent aussi plus souvent des contrats à temps partiels. Les temps complets sont particulièrement rares chez les aides à domicile (17 %), contre 52 % chez les agents d’entretien.
En 2022, 75 % des salariés de la 2e ligne occupent un emploi à temps complet, soit 3,3 points de moins que dans le secteur privé
, note l’Insee, précisant toutefois que cet écart s’est réduit de 0,6 point depuis 2019.
Autant de chiffres qui renvoient à ceux de la Dares, publiés à l’occasion d’une étude le 18 mai 2021. Voilà bientôt quatre ans, donc. Cette enquête soulignait sans ambiguïté que les travailleurs de la 2e ligne perçoivent des salaires plus bas (de 30% inférieurs), sont plus souvent en contrats précaires, sont davantage concernés par le temps partiel et les horaires atypiques, connaissent davantage le chômage, encourent plus de risques professionnels et subissent plus d’accidents. Des constats qui restent valables aujourd’hui et qui renforcent d’autant l’engagement de FO dans sa lutte pour la reconsidération de ces emplois.