Trepalium : le chômage est l’avenir de l’homme

Télévision par Michel Pourcelot

Le cauchemar futuriste d’une société du plein chômage. 20% d’actifs vivent dans un super-ghetto.

À la fin du XXIe siècle, il n’y a plus que 20% d’actifs, en sécurité dans une sorte de Cité interdite où ils n’ont pas à côtoyer les hordes de chômeurs assoiffés, l’eau potable ayant été mise sous coupe réglée. Tel est le monde de la série Trepalium (du mot latin tripalium ayant donné travail) diffusé depuis le 11 février, en six épisodes, sur Arte.

De la science-économique-fiction qui ne fait certes pas dans la dentelle, ce qu’on ne manquera pas de lui reprocher bien évidemment. Mais il s’agit plutôt d’une fable et le réalisme, autant qu’il puisse en avoir dans l’anticipation, n’est pas le but premier. Pas plus que dans Soleil Vert ou Blade Runner.

Un monde déshumanisé

L’esthétisme glacé rétro-futuriste des castes dirigeantes et le dénuement des opprimés évoque Metropolis, film de 1927 censé se dérouler en 2026. A son instar, Trepalium emploie des effets-loupe sur des phénomènes en progression constante : déshumanisation, stigmatisation des non-nantis, élitisme, refondation d’une société nouvelle, moderne. Le tout conduisant à un totalitarisme libéral, à un monde orwellien où ce serait l’argent qui censure et impose ses mots grâce à des prosélytes zélés.

Scénariste de la série, Sophie Hiet explique : « Ce n’est pas un délire futuriste plein d’effets spéciaux, il s’agit de parler de notre quotidien grâce à un genre qui permet de tout exacerber ». Et le réalisateur Vincent Lannoo de préciser : « Le futur avec des voitures volantes que j’imaginais lorsque j’étais enfant n’existe pas. En revanche, le château de Versailles et les immeubles haussmanniens sont toujours debout ! Cela me semblait intéressant de partir de l’idée que le futur se construit sur le passé ». Une idée qui a de l’avenir. En revanche, la seconde saison projetée ayant été annulée, la série n’en aura pas.


Trepalium , Série de science-fiction, réalisée par Vincent Lannoo, sur un scénario d’Antarès Bassis, Thomas Cailleyet, Sophie Hiet, avec notamment Charles Berling, Pierre Deladonchamps, Ronit Elkabetz, Aurélien Recoing et Léonie Simaga.
Six épisodes de 52 mn chacun.
Diffusion sur Arte les 11 et 18 février, les trois premiers épisodes du 11 étant rediffusés le 18 février avec les trois suivants.
Sur le net : Arte

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante