Un 1er mai de combat contre la réforme des retraites

InFO militante par Elie Hiesse

© SOPHIE LIEDOT

En cette journée du 1er mai muée en treizième journée nationale d’action contre la réforme des retraites, les militants FO des cortèges parisiens ont affiché leur détermination résolue à obtenir le retrait de la réforme des retraites adoptée par le 49-3. Sans qu’aient été pris à « bras le corps » et en amont les dossiers explosifs de la pénibilité, des conditions de travail dégradées, des fins de carrières ou du maintien en emploi. Paroles de militants.

Toujours déterminée à faire reculer le gouvernement sur sa réforme des retraites ! Dans le cortège parisien du 1er mai unitaire, Sabah, accompagnante de trois élèves en situation de handicap (AESH) dans une école de Seine-Saint-Denis, manifeste avec énergie sa colère avec son dispositif sonore portatif, pour reprendre l’expression des arrêtés préfectoraux qui ont tenté d’interdire les concerts de casseroles. Le sien est une passoire usagée qu’elle tape résolument d’une cuillère. Cette réforme, c’est de la maltraitance pour les AESH ! J’ai 45 ans, j’aime mon métier. Mais, dans les conditions actuelles, je ne vois pas du tout comment je pourrai poursuivre jusqu’à 64 ans. Je suis déjà épuisée, explique la militante FO, qui se remet d’un burn-out.

Avec sa collègue Louisa, 62 ans, qui sera elle obligée de travailler plus que l’âge de 64 ans pour s’assurer une retraite décente, elle raconte la faiblesse du salaire (850 euros net pour 26 heures) qui oblige à prendre des vacations à la surveillance de la cantine pour joindre les deux bouts. Elle dénonce le manque d’effectif d’AESH qui dégrade les conditions de travail et pousse à mutualiser les postes : certaines collègues accompagnent jusqu’à dix enfants sur plusieurs établissements. La priorité, c’est la titularisation des AESH, la revalorisation des salaires, le recrutement à la hauteur des besoins. Le gouvernement vit dans un mode parallèle....

La réforme de trop

L’urgence était de prendre en compte, et de compenser, la pénibilité au travail. Il n’y a rien sur le sujet dans la réforme. Les salariés de la restauration collective, qui souffrent en fin de carrière, sont écœurés. Le gouvernement a fait les choses à l’envers !, renchérissent de concert Patricia et Christophe, délégués syndicaux nationaux FO chez Sodexo et Compass. Ils sont intarissables sur l’inadaptation à leur métier des critères permettant d’évaluer la pénibilité, notamment ceux relatifs aux gestes répétitifs, et sur la non-prise en compte de la polyvalence. Ils restent furieux contre la suppression en 2018, sous la pression du patronat, de quatre critères d’exposition (dont celui sur les postures pénibles) jugés alors trop complexes par l’exécutif. Il fallait prendre le dossier à bras le corps, appuie Christophe, qui rappelle la suppression autoritaire et cumulative, par les ordonnances Macron de 2017, toujours au nom de la simplification, des CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), acteur majeur de la prévention et de la santé au travail.

Fabrice, employé au rayon fruits et légumes d’un hypermarché Auchan de l’Essonne, où il est chargé de la mise en rayon de 4h du matin à midi, ne dit pas autre chose et s’inquiète aussi des suppressions d’emplois dans la grande distribution sous l’effet de l’automatisation. Dans ce contexte, travailler plus longtemps, c’est de l’incantatoire, martèle le DS FO, qui a participé à douze journées de mobilisation.

Infirmière dans un centre hospitalier de l’Essonne, Mélissa a fait les treize. Cette réforme des retraites, c’est la réforme de trop, martèle la représentante du personnel FO, venue manifester à Paris avec une quinzaine de collègues. Pour elle, la priorité des priorités est le recrutement, pour avoir des ressources à la hauteur des besoins, pour sauver l’hôpital public. Il y a toujours des déprogrammations d’opérations, faute de personnel, mais personne n’en parle. La militante FO, qui a organisé depuis janvier 18 actions contre la réforme, entre tractages et blocages d’accès, est optimiste. Le mouvement de contestation n’est plus porté pas les seuls travailleurs. Face au déni de démocratie, il est devenu citoyen.

Et les anciens y participent. « Macron, tu nous prends 2 ans de vie », a inscrit sur son casque blanc Gilbert, 72 ans, retraité de La Poste et « toujours militant FO ». Il n’est pas normal qu’un homme décide seul, contre le peuple, les députés. Je manifesterai jusqu’au retrait.

L’intersyndicale a annoncé une journée d’action commune, de grèves et de manifestions le 6 juin prochain. Ce nouveau temps fort de la mobilisation contre la réforme des retraites sera donc le 14e depuis janvier.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante