Un avenir fait de privatisations ?

Economie par Michel Pourcelot

Si le gouvernement actuel a engagé nombre de privatisations, le candidat de l’opposition actuellement favori pour les prochaines élections présidentielles n’a pas fait mystère de son intention de les multiplier. La presse a examiné ses intentions en la matière. Aperçus.

La Dépêche
Il manquait encore une touche libérale dans son programme ? Pour son premier déplacement de candidat officiel de la droite dans son fief sarthois, François Fillon en a remis une couche, annonçant sa volonté de reprendre des privatisations [...]. C’est donc à Chantenay-Villedieu, petit village sarthois, que Fillon a décidé d’ajouter une nouvelle strophe à sa chanson de geste libérale. Ruraliste et mondialiste, un chant accompagné de moult gestes le posant comme le héraut ultime du libéralisme...

Sud-Ouest
Pourtant, pour l’État, pas sûr en revanche qu’une relance des privatisations soit judicieuse, du moins actuellement. En théorie, céder des titres permet de se désendetter. Mais aujourd’hui, l’État s’endette à 1% seulement, et cela devrait encore continuer. Du coup, vendre actuellement n’aurait pas de sens, juge Henri Sterdyniak (économiste à l’OFCE, l’Observatoire français des conjonctures économiques). Autre élément à mettre dans la balance : les dividendes potentiels auxquels on renonce en privatisant. A court terme, on peut faire une bonne opération, mais ce n’est pas forcément le cas sur le long terme, souligne l’économiste. Surtout si le prix de vente est sous-évalué, comme ce fut le cas avec les sociétés d’autoroutes en 2006. Pour elles, une voie royale, par contre, pour les usagers, il a fallu serrer la ceinture, privations et privatisations étant deux maux qui vont...

La Tribune
Cela n’empêche pas le champion de faire rugir le moteur : lors de sa virée sarthoise, François Fillon, en bon libéral, a indiqué vouloir reprendre les privatisations dans les entreprises où la participation de l’État ne sert à rien. Il juge que cet argent pourrait être réinjecté sous forme d’investissements dans les infrastructures. Parmi elles, il a cité les télécommunications, où les opérateurs et l’État dépensent aujourd’hui des milliards d’euros pour couvrir le territoire en fibre optique et apporter un Internet ultra-rapide aux Français. François Fillon, qui a piloté, comme ministre, le processus de libéralisation du secteur il y a 20 ans, a d’ailleurs rappelé, à sa façon, son expertise en la matière : Le très haut débit, ce n’est pas uniquement pour que tout le monde puisse jouer à Warcraft, a-t-il ironisé. Par contre, la loi de la jungle, ça ne sera pas du virtuel...

Les Echos
Et qu’y a-t-il devant le pare-buffle de l’actuel favori à la course présidentielle ? Interrogé sur les entreprises qui pourraient être privatisées, François Fillon a indiqué qu’on verra ça tranquillement, soulignant que l’État n’a pas vocation à rester durablement au capital d’entreprises qui sont dans le secteur commercial, dans le secteur concurrentiel. Les entreprises commerciales ? Il pourrait s’agir d’Orange, Renault, PSA, CNP. Les entreprises stratégiques pour la souveraineté telles que EDF, Engie, Thales, Safran, Airbus..., ne seraient probablement pas concernées. Probablement, jusqu’à preuve du contraire.

L’Express
Ceci dit, plutôt que reprendre, François Fillon aurait pu dire continuer tellement les cessions de participations sont légions depuis une douzaine d’années. A l’Agence des participations de l’État (APE), l’organe du ministère de l’Economie et des Finances qui gère le portefeuille public, on compte pas moins de 26 milliards d’euros d’actifs cédés depuis 2004, comme l’a rappelé dernièrement au Monde Martin Vial, le commissaire de l’APE. Dernier exemple en date, Safran où l’État a vendu le 22 novembre 1,39% du capital de l’entreprise pour environ 372 millions d’euros. Safran ? Cette entreprise stratégique probablement pas concernée... Stratégique d’État ou stratégie d’entreprise ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante