Un collectif fait les comptes : les futures générations à la peine

Réforme des retraites, FO dit stop ! par Michel Pourcelot

Le 17 juillet 2019, remise du rapport « Pour un système universel de retraite » par Jean Paul Delevoye, Haut-commissaire à la réforme des retraites, et Agnès Buzyn, ministre de la Santé. © HAMILTON/REA

Le rapport Delevoye a été pris à la lettre, sinon aux chiffres, par un collectif indépendant qui a décidé de réaliser ses propres calculs. En se basant à la fois sur le rapport annuel de 2019 du Conseil d’orientation des retraites (COR) et sur celui du Haut-commissaire. Résultat : des pensions à la baisse, en particulier pour les générations nées après 1973.

D’étranges simulations ont été constatées dans le rapport Delevoye par un collectif « réforme des retraites » (www.reformedesretraites.fr). Constitué d’économistes, de fonctionnaires et d’experts anonymes, il se définit comme un collectif de citoyens qui souhaite un débat public clair sur la réforme des retraites préparée par le gouvernement. Il s’est penché sur les cas-types proposés. Au nombre de neuf, ces derniers sont censés démontrer que les pensions vont augmenter avec la réforme. Surprise : les simulations ont été calculées en se basant sur une durée de cotisation de 44,3 années et non sur 43 comme dans le système actuel. Résultat : les pensions du nouveau système apparaissent plus avantageuses. Commentaire du secrétaire confédéral de FO chargé du secteur des retraites, Philippe Pihet, membre de la délégation FO : Ces durées de cotisation n’ont jamais été votées dans aucune loi. Au mieux c’est une erreur, au pire une manipulation. Mais tout cela augure mal de la confiance qu’on pourra avoir dans le nouveau système.

Perdants, surtout après 1973

Curieusement, les données proposées par le rapport Delevoye présentent un sourçage déficient. Malgré cela, le collectif a pu, grâce au rapport annuel 2019 du COR, reconstituer trois cas-profils également présents dans le rapport Delevoye, parmi les plus emblématiques. Salarié non-cadre du privé, secrétaire d’administration (fonctionnaire de catégorie B) et travailleur au Smic. Ils ont comparé les situations avant et après la réforme en calculant les effets sur deux générations, et ce, à carrière identique : parents à la retraite en 2025 et enfants en 2054. Résultat : les enfants sont tous perdants. De 15 % à 23 % pour les départs en retraite dans trente ans. Pour avoir le même niveau de pension que leurs parents, les enfants devront travailler plus. Jusqu’à trois ans et demi pour le salarié au Smic, selon le collectif. Autre constatation, cela irait en s’aggravant génération après génération, en particulier pour les générations nées après 1973.

Il n’en reste pas moins que le rapport Delevoye, qui présente somme toute des préconisations, reste relativement flou et que les éclaircissements tardent à venir malgré les multiples demandes de plus de transparence, notamment de la part de FO.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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