Un demi-million de salariés en moins dans l’industrie

Désindustrialisation par Nadia Djabali

Dans l’industrie automobile française, la tendance est à la robotisation des chaînes de montage. ©Shepherd Zhou/Featurechina/ROPI-REA

Décennie noire pour l’industrie manufacturière. Entre 2006 et 2015, ce secteur a perdu 530 000 salariés et 27 300 entreprises ont mis la clé sous la porte.

La tendance à la désindustrialisation remonte aux années 1970. La crise de 2008 n’aurait donc qu’amplifié un phénomène qui a débuté il y a près de cinquante ans. Dans une étude publiée en février 2018, l’Insee indique qu’entre 1970 et 2014, la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée a été divisée par deux.
Rien qu’en 2009, ce sont 184 000 salariés qui ont été rayés des effectifs. Cette même année, ce secteur a perdu son statut de premier employeur au profit du commerce. En 2015, l’industrie manufacturière compte 2,7 millions de salariés parmi les 14,7 millions de salariés du secteur marchand non agricole.

80 000 salariés en moins dans l’automobile

Cette baisse drastique des effectifs des salariés et du nombre d’entreprises est mesurable dans presque toutes les activités industrielles. Quelles filières ont été les plus durement touchées ? L’industrie automobile a perdu 80 000 salariés ; la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, 79 000 ; la métallurgie et la production de produits métalliques, 65 000 salariés ; le travail du bois et les industries du papier et de l’imprimerie, 63 000, et la fabrication de textiles et les industries de l’habillement, du cuir et de la chaussure, 54 000 salariés.

Parmi les causes évoquées par l’Insee : Les gains de productivité, l’externalisation vers les services, une concurrence étrangère accrue, parfois accompagnée de délocalisations, ou encore la déformation de la demande au profit des services.

Ce repli touche l’ensemble du territoire. Mais certaines zones sont plus concernées : le bassin parisien, le Nord, l’Est et le centre de la France. La zone d’emploi de Paris, plus durement touchée, a perdu 54 200 salariés.

Parmi les villes françaises les plus sinistrées, les bastions de l’industrie automobile : Poissy, Douai, Valenciennes, Béthune-Bruay, Belfort-Montbéliard-Héricourt. Également celles qui abritent des entreprises liées à la fabrication de matériel de transport maritime, comme Le Havre. Dunkerque et Metz sont quant à elles victimes du recul de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques. Clermont-Ferrand et Saint-Omer sont touchées par le repli de la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique.

 

Focus : Les filières épargnées
Avec 386 000 salariés en plus et 19 100 entreprises supplémentaires, le nombre d’établissements employeurs et de salariés a fortement augmenté dans les activités spécialisées scientifiques et techniques, de services administratifs et de soutien. Autre filière en expansion : l’hébergement et la restauration (+ 124 000 salariés). Toulouse est la plus grande zone d’emploi où l’industrie manufacturière se développe en nombre de salariés entre 2006 et 2015 (+ 5%, soit + 3 500 salariés). La hausse des emplois y est surtout liée à la construction aéronautique et spatiale. Cette filière étant la principale activité industrielle dont les effectifs de salariés s’accroissent (+ 21 700 entre 2006 et 2015, dont les trois quarts dans des entreprises de 1 000 salariés et plus).

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante