Un droit à la reconversion professionnelle en réponses aux problématiques liées à l’emploi des seniors

Emploi et Salaires par Michel Beaugas, Secteur de l’Emploi

© Marta NASCIMENTO/REA

Le 14 octobre 2022, Force Ouvrière a été reçue par le cabinet du ministère du Travail lors d’une première concertation sur l’emploi des seniors et la prévention de l’usure professionnelle.

À cette occasion, le gouvernement, tout en constatant les problématiques posées par l’emploi des seniors, a explicité sa position sur le sujet. Parmi les propositions, figuraient : l’augmentation de la retraite progressive et du cumul emploi-retraite, l’amélioration de l’accompagnement des salariés, la lutte contre les stéréotypes liés à l’âge, etc.

Dans ce cadre, bien que partageant l’idée de la nécessité d’œuvrer en faveur de l’emploi durable des seniors, Force Ouvrière a opposé ses propres revendications, et notamment celle de créer un droit à la reconversion professionnelle.

Celui-ci se baserait sur l’actuel C2P en modifiant les conditions d’ouverture et les modalités d’application afin d’ouvrir, au profit des salariés âgés de 45 ans et exerçant un métier pénible, un droit à la reconversion professionnelle vers un métier durable choisi par le salarié.

Pour mémoire, le C2P, pris dans sa forme originelle, est abondé par l’Assurance maladie (en points) selon des critères de pénibilité.

Le compte peut ensuite être utilisé par son titulaire pour suivre une formation professionnelle, bénéficier d’un temps partiel ou valider des trimestres afin de partir à la retraite de manière anticipée.

Dans la conception de Force Ouvrière, le compte de transition professionnelle doit permettre à son titulaire de suivre une formation de reconversion professionnelle tout en bénéficiant du droit de partir à la retraite de manière anticipée. Comprise en effet comme un droit, la reconversion professionnelle n’est pas exclusive du départ anticipé à la retraite.

En pratique, le salarié userait des points acquis pour racheter ses trimestres de cotisation retraite et bénéficierait d’une formation de reconversion professionnelle. Autrement dit, ces points ne serviraient qu’au rachat des trimestres, tandis que la formation professionnelle lui serait due du fait de la pénibilité du métier exercé. D’ailleurs, Force Ouvrière considère que l’abondement de ce compte devrait être ouvert non seulement à la branche, mais aussi à l’entreprise afin de réaffirmer la responsabilité de cette dernière en la matière.

Il s’agit d’une proposition ambitieuse mais nécessaire et légitime au regard du contexte actuel. Par conséquent, il convient d’élargir les conditions d’ouverture de ce droit au plus grand nombre (simplification des conditions de constitution du compte, prise en compte de nouveaux critères de pénibilité, lever le plafond au-delà de 100 points, etc.).

Concernant le financement du dispositif, la reconversion du salarié serait financée par les économies faites par la branche de l’Assurance maladie, la branche ATMP et l’Assurance chômage. En effet, si le dispositif est appliqué dans son entièreté, les salariés seront maintenus en emploi, et ce dans de bonnes conditions.

Michel Beaugas Secrétaire confédéral au Secteur de l’Emploi et des retraites

Secteur de l’Emploi Le secteur Emploi est chargé de suivre les politiques de l’emploi, de l’Assurance chômage et de la Formation professionnelle continue.