Le recul du ministère est une victoire
, s’est réjouie Edith Bouratchik, secrétaire nationale du SNFOLC, lors d’une conférence de presse le 13 mars. Le syndicat est revenu sur la tentative de réforme des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) économiques et commerciales générales (ECG). Alors qu’un comité de travail avait été lancé, le ministère a mis fin à ses travaux, le 9 mars. Notre syndicat, au côté d’autres associations de spécialistes, s’était mobilisé en ce sens
, indique la militante.
Arnault Joubin et Quentin Bouvier, respectivement enseignants en maths et en économie en classes prépa, ont évoqué ce 13 mars la réforme qui avait été esquissée par le gouvernement. Elle avait été pensée dans un rapprochement avec le nouveau lycée. C’est-à-dire avec un tronc commun et des spécialités,
Il prend l’exemple de sa matière, où en 2022, on comptait 557 admis au concours pour plus de 1000 postes. La réforme du lycée a sorti les maths du tronc commun pour n’en faire qu’une spécialité, diminuant de fait le volume d’heure en première et terminale. Cela permet de gérer la pénurie d’enseignants,
Diminuer la formation intellectuelle : une fausse solution
Ainsi, la réforme des CPGE économiques telle que pensée par le ministère impliquait de diviser par deux le volume horaire d’enseignement des mathématiques avec la création d’une option. Et cette baisse des heures ne se limitait pas aux maths : les sciences sociales (passage de 8h hebdomadaires à 5h) et la philosophie (-1h par semaine) étaient également concernées. C’est toute la formation intellectuelle qui aurait été impactée, avec 1 065 heures qui auraient disparu des classes prépa pour être affecté dans le secondaire
, dénonce Quentin Bouvier.
Cette réforme avait été lancée pour contrer la perte d’attractivité des CPGE économiques et commerciales. À la rentrée 2021, celles-ci enregistraient un recul d’inscription de 4,5 % par rapport à 2020. Pour Arnault Joubin, il n’y a pas péril en la demeure
. Actuellement 80 000 élèves sont inscrits en classes préparatoires, qu’elles soient scientifiques, littéraires ou économiques. Selon les prévisions du ministère de l’enseignement supérieur, ce chiffre montera à 84 000.
Pour autant, il est difficile de nier la perte d’attractivité de ces cursus. Mais une énième réforme ne saurait être la réponse. Lorsqu’on les interroge, les étudiants de classes prépa sont satisfaits de leur formation. Peut-être vaudrait-il mieux réfléchir à la question des débouchés ?
L’impact de la réforme du lycée
La baisse des inscrits en CPGE ECG est aussi liée à la réforme du bac. En premier lieu parce que ces cursus impliquent d’avoir étudié les maths jusqu’en terminale. Avant la réforme, nos CPGE accueillaient des lycéens avec un bac S, un bac ES voire un bac littéraire avec l’option maths. Cela représentait 85 % des lycéens,
Dans le cadre de cette réforme du lycée, les CPGE économiques ont évolué. Auparavant, on comptait un cursus pour les étudiants issus de la filière scientifique et un pour les étudiants issus de la filière économique et sociale. Dorénavant, il existe deux voies (mathématiques appliquées et mathématiques approfondies), chacune proposant soit l’enseignement économie, sociologie et histoire soit l’enseignement histoire, géographie et géopolitique. Ce qui représente en tout quatre parcours distincts. L’année de mise en place de cette réforme coïncide avec une vraie baisse des candidatures sur Parcoursup,
Par ailleurs, cette réforme entraîne de fait une forte augmentation des candidatures sur Parcoursup, non des candidats mais bien des dossiers,
D’ailleurs, tous les lycées ne proposent pas ces quatre parcours. Comme souvent, la logique de modularité crée des effets de polarisation géographique,
Le combat contre les épreuves de spécialités en mars
Pour les enseignants comme pour les élèves, pour les classes « prépa » comme pour la terminale, la réforme du lycée n’en finit plus de déstructurer le système. Cette année, pour la première fois depuis la mise en place de la réforme du bac, les épreuves de spécialités auront lieu en mars. Un calendrier subi par les enseignants et les élèves contre lequel FO s’oppose. À maintes reprises, nous avons demandé le report de ces épreuves en juin,
S’ajoute un autre élément cette année, marquée par la mobilisation contre la réforme des retraites. L’intersyndicale, comprenant les organisations représentatives de l’Éducation nationale et à laquelle participe FO, appelle à une journée de mobilisation professionnelle le 15 mars.... Date aussi d’un nouveau temps fort de la mobilisation interprofessionnelle. Dans son communiqué, le SNFOLC estime que l’heure est au durcissement du rapport de force
et qu’il faut monter d’un cran
dans la mobilisation, notamment à l’occasion des examens
.
Le syndicat appelle à la grève dès cette semaine et les jours suivants, y compris pendant les épreuves de spécialités en mars.
Force Ouvrière soutiendra tous les collègues qui s’opposeront aux épreuves au mois de mars par la grève,
Pour la militante, le combat doit continuer, pour un retour à des épreuves nationales et anonymes à la fin de l’année scolaire.