Un scrutin boudé par les salariés

Élections dans les TPE par Clarisse Josselin

Campagne d’affichage pour le vote aux élections TPE, organisée par l’UD FO des Pyrénées-Orientales. © UD FO 66
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Malgré les multiples enjeux, les élections TPE n’ont que très peu mobilisé les 4,5 millions de salariés appelés aux urnes. Le taux de participation atteint 7,35 %, soit trois points de moins que lors du premier scrutin en 2012 (10,38 %).

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette désertion des urnes. D’abord le report d’un mois de la date des élections, décidé à la dernière minute par le ministre du Travail en raison du conflit juridique entre la CGT et le Syndicat des travailleurs corses. Résultat, le scrutin s’est déroulé durant et juste après les fêtes, période peu propice à la mobilisation. À cela s’ajoute un problème de corps électoral. Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire confédérale chargée des conventions collectives, dénonce des erreurs dans le fichier des électeurs et s’étonne qu’il y ait eu plus de retours de courrier estampillés n’habite pas à l’adresse indiquée (8 %) que de votants.

Pas de travail de terrain en entreprise

D’autres causes sont plus structurelles. Les électeurs ne se sont pas sentis concernés par le scrutin, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Ils étaient invités non pas à voter pour des candidats, mais sur sigle, pour l’organisation syndicale chargée de les représenter. Or le Code du travail n’imposant aucune représentation collective du personnel dans les TPE, ces salariés n’ont aucun contact avec les syndicats. Ils ont tendance à ne les approcher qu’en cas de problème, dans une démarche consumériste, et malheureusement souvent trop tard.

Nous n’avions pas accès aux entreprises, or il faut faire du terrain pour que les gens comprennent les enjeux et aillent voter, déplore Marie-Alice Medeuf-Andrieu. Les élections TPE sont organisées de manière à montrer que les salariés n’ont pas d’appétence pour les syndicats.

Ironie du sort, cette élection – voulue par la loi de 2008 sur la représentativité syndicale – avec son organisation chaotique, son absence de candidats en chair et en os, son taux de participation proche du ridicule ou la relative confidentialité dans laquelle elle s’est déroulée, constitue la meilleure preuve qu’il est absurde de prétendre que les syndicats doivent asseoir leur légitimité sur leur audience électorale. 

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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