La répression contre les syndicats s’est beaucoup amplifiée ces derniers mois en Corée. Pourquoi ?
Ryu Mi-Kyung : Toutes nos manifestations sont pacifiques. Mais, comme en France, le gouvernement essaye de faire croire que les syndicalistes sont des casseurs, alors qu’il s’agit de groupes externes qui ont infiltré nos cortèges. En juillet 2016, le président de la KCTU a été condamné à cinq ans de prison et le procureur a fait appel pour en obtenir huit.
À quoi vous opposez-vous ?
Ryu Mi-Kyung : Le projet de réforme du travail facilite les licenciements, l’augmentation du temps de travail, le travail précaire et introduit un système salarial fondé sur le mérite. Le gouvernement l’a déposé au Parlement alors qu’il venait tout juste de signer un accord triparti avec les interlocuteurs sociaux qui allait dans le sens contraire ! Les manifestations syndicales ont donc culminé en novembre dernier. Environ sept cents personnes ont été condamnées à des peines variées pour troubles à l’ordre public. La KCTU prévoit de saisir le système de contrôle et de supervision de l’OIT sur les droits du travail, les normes étant clairement violées.
Vos manifestants protestent aussi contre la corruption. Qu’en est-il ?
Ryu Mi-Kyung : Les scandales de corruption ont éclaté en septembre 2016, impliquant directement la présidente – qui a d’ailleurs été destituée le 9 décembre dernier – et toutes les grosses entreprises, notamment Samsung. Ces mêmes entreprises ont contribué à la rédaction de la nouvelle législation sur le travail et vont jusqu’à demander la suppression des syndicats.
Propos recueillis par Marjorie Alexandre
En ce début d’année, par centaines de milliers, les Coréens, notamment à l’appel des confédérations syndicales, continuent de manifester tous les samedis, comme depuis des mois. Ils s’opposent au gouvernement et aux « chaebols » (conglomérats d’entreprise), suspectés pour certains dans une affaire de corruption sans précédent. Les « chaebols », parmi lesquels Samsung et Hyundai, réalisent
d’immenses profits capturés par une minorité de familles, dénonce le TUAC (Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE).