Vague de grèves au Royaume-Uni

Europe par Evelyne Salamero

Le syndicat Communication Workers Union (CWU) a annoncé cinq jours de grèves dans la semaine précédant Noël.

Alors que le nombre de jours de grève a augmenté d’un tiers d’octobre 2015 à octobre 2016 et que le gouvernement britannique a durci la législation sur le droit de grève en mai dernier pour tenter d’endiguer cette vague de mécontentement, les conflits se multiplient en cette fin d’année.

Après les cheminots de la Southern Railways qui ont cessé le travail depuis une semaine à l’appel du syndicat RTM (Rail, maritime and transport union), les postiers britanniques ont commencé une grève de cinq jours lundi 19 décembre à l’appel du syndicat CWU (syndicat des travailleurs des communications). De leur côté, les personnels navigants de la compagnie aérienne British Airways pourraient également entrer dans la danse les 25 et 26 décembre, à l’appel du syndicat Unite, si la négociation entamée lundi avec la direction n’aboutissait pas. Ces conflits surviennent dans un climat social déjà tendu, avec, notamment, les grèves des internes des hôpitaux qui ont défrayé la chronique ces derniers mois.

Contre les fermetures de bureaux de poste, pour la sécurité des voyageurs

Les agents des bureaux de poste, qui sont restés dans le giron du secteur public après la privatisation de la Royal Mail en 2013, s’opposent aux réductions d’effectifs et à une réforme de leur régime de retraite. Le gouvernement et l’entreprise (Post Office) planifient de fermer et de franchiser de plus en plus de bureaux de poste… Ce que nous faisons c’est défendre l’avenir de ces bureaux, explique le secrétaire général du syndicat CWU, Dave Ward (AFP).

De leur côté, les personnels de la compagnie ferroviaire Southern Railways, dont les lignes relient le sud du pays à Londres, s’opposent depuis plusieurs mois déjà à la volonté de la direction de confier désormais la sécurité des trains aux seuls conducteurs, alors que cette tâche est partagée actuellement avec un second employé chargé de fermer les portes des wagons.

La sécurité des voyageurs est ici clairement en jeu, dénonce le syndicat. Lundi, des grévistes ont d’ailleurs déposé des sacs remplis de cartes postales signées par des usagers soutenant leur mouvement devant le ministère des Entreprises à Londres.

Pour des augmentations de salaires

Les hôtesses et stewards de British Airways protestent eux contre le faible niveau des salaires des nouveaux embauchés depuis 2010. Un nombre significatif d’employés sont contraints de prendre un second emploi et beaucoup vont travailler alors qu’ils ne sont pas en état de le faire parce qu’ils ne peuvent pas s’offrir le luxe d’être malades, témoigne Matt Smith, un responsable de Unite.

Une négociation avec la compagnie aérienne a commencé lundi, dans un climat tendu, le syndicat dénonçant en fin de journée l’attitude de la direction qui, contrairement à un engagement pris par les parties en début de discussion, s’est livrée à des déclarations fallacieuses sur le niveau des salaires des personnels, alors même que les discussions étaient en cours.

Face à la multiplication des conflits, le gouvernement britannique a durci en mai dernier la législation, déjà très restrictive, sur le droit de grève, en particulier les conditions de déclenchement d’un mouvement. Nous allons continuer à examiner la façon dont ces mesures sont appliquées a déclaré la Première ministre Theresa May et des membres de sa majorité appellent maintenant à l’instauration d’un service minimum.

Pour la confédération syndicale TUC, le gouvernement devrait plutôt s’attacher à comprendre ce qui va mal dans les entreprises en grève, a déclaré sa secrétaire générale Frances O’Grady, soulignant que les salariés britanniques continuent de subir les conséquences de la crise financière mondiale.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante