Pour son premier discours en tant que secrétaire général de FO Métaux, le 21 juin au 24e congrès fédéral à Amiens (Somme), Valentin Rodriguez a été concis. En quinze minutes, le Niçois de 54 ans a réaffirmé la ligne de la fédération et ses valeurs – l’indépendance syndicale et la politique contractuelle –, tout en appelant à bousculer les codes
au service d’un syndicalisme « >axé sur l’innovation et la préparation de l’avenir. Et il a mis le cap sur le développement, en particulier dans le troisième collègue des cadres. En 1948, la fédération était constituée par un large collège de techniciens et de cadres
, a rappelé le militant, qui mise sur la formation, une communication rénovée, la proposition de services d’accompagnement plus personnalisés
. Côté réforme du droit du travail, il revendique la fin de la limitation à trois mandats des élus de CSE.
Militant FO depuis 1997
Soyons audacieux pour réussir
, a conclu le secrétaire général de cette grande fédération FO du secteur privé, sous les applaudissements. Élu à l’unanimité, après un parcours riche dans les instances fédérales, Valentin Rodriguez succède à Frédéric Homez qui était aux manettes de FO Métaux depuis 2004. Le nouveau secrétaire général de la fédération a rejoint celle-ci en 2015 comme responsable juridique, avant de devenir en 2020 secrétaire fédéral chargé de l’automobile. Comme responsable juridique, Valentin Rodriguez a été l’une des chevilles ouvrières de la négociation de la nouvelle convention collective de la métallurgie, en vigueur depuis janvier. Comme fédéral chargé de l’automobile, il a fait émerger quatorze propositions pour que l’électrification devienne un levier de réindustrialisation.
Je me suis épanoui en pratiquant le droit social, découvert dans mes mandats de représentant FO du personnel
, confie Valentin Rodriguez, qui a commencé comme mécanicien poids lourd. Une voie imposée par la nécessité de travailler et des résultats scolaires déplorables
. Dans ma famille ouvrière
, commente-t-il. Son CAP en poche, il rejoint à Nice une concession de Renault Trucks (alors la SOMI Ippolito). Un désert syndical. En 1997, il prend sa carte FO – choisie pour son pragmatisme
– pour créer une section syndicale et obtient vite des résultats, jusqu’à 62,5 %. Délégué syndical, secrétaire du CE et du CHSCT, conseiller prud’hommes, conseiller du salarié, secrétaire du syndicat : en dix ans, il exerce tous les mandats, jusqu’à prendre la tête de l’USM (Union syndicale de la métallurgie) Alpes-Maritimes. Dans sa reconversion dans le droit, entamée en 2005 tout en travaillant, il mettra la même implication, passant une capacité en droit (faute d’avoir le bac) et poursuivant jusqu’au Master 1 de droit privé, au prix de nombreux sacrifices
, personnels et financiers. Devenu juriste en 2010, il se heurtera aux réticences des recruteurs du fait de son parcours militant, mais il finit par exercer en acceptant de débuter au Smic
dans des cabinets d’expertise. La suite est un concours de circonstances
, dit-il. Par son élection à l’unanimité, on pense plutôt qu’il est question de confiance, accordée par le congrès à ce militant d’expérience, totalement investi et au parcours syndical particulièrement dense.