Verrerie : les salariés débrayent pour faire baisser les cadences

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

A l’usine Pochet de Courval de Gamaches (Somme), spécialisée dans la finition de flacons de parfum, les salariés débrayent chaque vendredi depuis le 3 juin. Ils dénoncent leurs conditions de travail et des cadences infernales.

Près de 80 % des 200 salariés de l’usine Pochet de Courval de Camaches ont débrayé durant deux heures le 3 juin, à l’appel de FO et de la CGT, pour exiger une réduction des cadences et dénoncer la pression permanente de la direction. L’action sera reconduite le 10 juin et chaque vendredi, jusqu’à ce que les grévistes obtiennent satisfaction.

L’entreprise familiale, créée en 1623, fabrique des flacons de parfum pour des marques prestigieuses comme Dior, Givenchy ou Hermès. Le site de Gamaches est spécialisée dans les travaux de finitions, le « parachèvement » : sablage, « pistolettage » pour la couleur, sérigraphie, décors manuels…

FO demande une expertise sur les risques psycho-sociaux

« On a rencontré la direction le 2 juin, elle nous prend pour des menteurs, on a quitté la salle et depuis le dialogue est au point mort, explique Bruno Le Brun, délégué FO. On a même l’impression qu’elle se moque de nous. Cette nuit, la cadence a encore accéléré, passant de 28 à 32 flacons par minute. »

En 2015 déjà, une journée de grève avait été lancée sur les mêmes revendications. « Suite à un plan de départs volontaires, 60 personnes sont parties il y a trois ans, mais il y a toujours autant de travail, voire plus », dénonce Bruno Le Brun.

Représentant FO au CHSCT, il a demandé que le lancement d’une expertise sur les risques psycho-sociaux, en rapport avec les cadences et l’attitude de la direction, soit à l’ordre du jour de la prochaine réunion.

19 % du personnel en arrêt maladie

« On est l’établissement qui bat tous les records en terme d’arrêts maladie et de maladies professionnelles, 19 % du personnel était en arrêt fin 2015, poursuit-il. A titre d’exemple, un médecin a prescrit à une salariée de travailler à mi-temps, mais la direction voulait la faire travailler à plein temps une semaine sur deux. »

Suite à la visite l’an dernier d’un inspecteur du travail, des pinces à ouverture automatique ont été installées, permettant de soulager un peu les ouvriers et de réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS).

Respect des conventions collectives

Les syndicats revendiquent également le respect des conventions collectives, pour que des remplaçants provisoires ou permanents sur un poste à plus haute qualification soient payés avec le coefficient adéquat.

Bruno Le Brun s’inquiète aussi pour l’avenir. Un plan de réorganisation court jusqu’en 2019. Un projet d’usine est dans les cartons, ainsi que la robotisation de certains postes.


Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante