Viande : FO mobilisée pour sauver l’emploi chez Arcadie Sud-Ouest

InFO militante par Clarisse Josselin, FGTA-FO

© Stéphane LEITENBERGER/REA

Le groupe d’abattage et de transformation de viande, qui emploie un millier de salariés en Occitanie et en Nouvelle Aquitaine, a été placé en redressement judiciaire le 30 juin. Les éventuels repreneurs ont jusqu’au 20 juillet pour déposer un dossier. FO, syndicat ultra-majoritaire, se bat pour préserver l’emploi et l’activité sur des sites dont certains sont isolés.

L’inquiétude règne parmi les quelques 1 000 salariés d’Arcadie Sud-Ouest. En difficultés financières, ce groupe spécialisé dans l’abattage et la découpe de bovins, porcs et ovins a été placé en redressement judiciaire le 30 juin par le tribunal de commerce de Montpellier. C’est l’un des principaux acteurs du secteur en Nouvelle Aquitaine et Occitanie. Il possède une vingtaine de sites – dont 13 abattoirs – dans près de dix départements. FO y est ultra-majoritaire.

Le tribunal a fixé une période d’observation de trois semaines avec continuation de l’activité. Les candidats éventuels à une reprise ont jusqu’au 20 juillet pour déposer leurs offres. La justice devrait trancher début août pour un plan de cession bouclé avant l’été.

Le groupe, détenu par cinq coopératives agricoles, perd actuellement un million d’euros par mois. Au tribunal, la direction a justifié ses difficultés financières notamment par une baisse de la consommation de viande et la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a mis la restauration à l’arrêt.

Le Covid n’a rien arrangé, mais il y avait déjà un problème de gestion, souligne Richard Roze, secrétaire fédéral à la FGTA-FO en charge de la filière viande. Le groupe avait fermé deux filiales avant le confinement. Et certes on n’est pas dans une tendance à la hausse de la consommation de viande, mais l’érosion est limitée. D’ailleurs de gros acteurs s’en sortent.

Un risque de démantèlement

Certains de ces gros acteurs – Bigard et Elivia – seraient sur les rangs pour une reprise, mais seulement de quatre ou cinq sites. Un actionnaire actuel, la coopérative basque Lur Berri, travaillerait à une reprise partielle. Il y aurait aussi d’autres initiatives locales. Le groupe risque le démantèlement.

Ça va très vite 3 semaines d’observation, mais il n’y a plus d’argent dans les caisses, d’où ces délais très courts, explique Emmanuel Dumas, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Aveyron. L’activité ne peut pas s’arrêter, un redémarrage est toujours compliqué.

Arcadie Sud-Ouest emploie près de 200 salariés dans ce département, entre son siège social situé à Rodez, l’abattoir de Rodez et le site de transformation de Sainte-Geneviève-sur-Argence, spécialisé dans le steak haché. Notre priorité est de garder les emplois dans de bonnes conditions et de préserver les droits des salariés, poursuit Emmanuel Dumas. Nous sommes dans une région d’élevage, notamment pour la race Aubrac. C’est tout un territoire à préserver. Alors s’il y a des initiatives locales de reprise, c’est encore mieux.

Des territoires pourraient se retrouver sans abattoir

Unicor, une autre coopérative agricole actionnaire du groupe, serait sur les rangs pour reprendre l’abattoir de Rodez. Le secrétaire de l’UD FO s’inquiète davantage pour l’avenir du site de Sainte-Geneviève. Le soucis, c’est qu’il est isolé et un peu à l’abandon, explique-t-il. L’abattoir a fermé il y a un an et demi. Il n’y a plus que de la transformation, ce qui peut poser un problème d’autonomie. FO va se battre pour qu’il y ait le moins de casse sociale possible. Il ne faut pas que ça ferme, ce serait catastrophique, ajoute-t-il. Il y a 80 salariés et chaque emploi direct crée deux ou trois emplois indirects. Au niveau local, cela aurait le même impact que si Bosch, qui emploie 1 300 salariés à Rodez, fermait. Il redoute aussi des suppressions de postes au siège social du groupe.

Le danger, outre l’emploi, c’est qu’il y a plein de sites isolés, alerte Richard Roze. Et là où les abattoirs ne seront pas repris, des territoires se retrouveront totalement enclavés. Les producteurs devront faire 100 ou 200 km pour faire abattre leurs animaux. Il faut qu’il reste au moins un abattoir par département.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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