Victoire chez SoLocal : la renégociation de l’accord télétravail se conclut par des avancées importantes pour les salariés

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Après un an de négociations sur le télétravail chez SoLocal (ex-PagesJaunes), la direction a entendu les revendications de FO. Le nouvel accord, qui entrera en vigueur le 1er avril, rend éligibles à cette nouvelle modalité d’organisation du travail 1 800 salariés sur 2 300 (soit 78%), contre deux cents salariés précédemment.

Il aura fallu un an pour aboutir. Au terme du long bras-de-fer engagé avec la direction de SoLocal (ex-PagesJaunes reconverti dans la commercialisation d’espaces publicitaires sur internet), la renégociation de l’accord sur le télétravail s’est conclue, le 23 février, par une signature de l’ensemble des syndicats dont FO. Nos revendications ont enfin été entendues par le nouveau DRH groupe, arrivé en janvier. En deux séances, les principaux points qui bloquaient la négociation depuis un an ont pu être levés, commente Frédéric Gallois, délégué syndical central FO. Le militant se félicite des avancées très importantes pour tous les salariés souhaitant télétravailler obtenues dans le cadre du nouvel accord, qui doit entrer en application le 1er avril prochain.

78% des salariés éligibles au télétravail

La première de ces avancées est l’importante augmentation du nombre de salariés éligibles au télétravail. Alors que cette modalité d’organisation du travail restait ultra-minoritaire au titre de l’accord en vigueur depuis 2015 (200 cadres autonomes bénéficiaires), 1 800 des 2 300 salariés SoLocal pourront y prétendre dès avril prochain. Soit plus de trois salariés sur quatre. Le télétravail pourra être pratiqué deux jours par semaine maximum pour les salariés à temps plein.

Dans le détail, l’accord indique que le télétravail sera ouvert aux salariés en CDI et/ou CDD, ayant plus de six mois d’ancienneté, à temps partiel d’au moins 80%, sur la base de deux critères – l’autonomie et l’activité. Nous avons obtenu que soit abandonné le critère de performance que l’ancien DRH tenait à imposer. En résumé, à l’exception des commerciaux de terrain et des stagiaires, tous les salariés seront éligibles au télétravail. Qu’ils travaillent dans les services télévente, informatique, recouvrement, ressources humaines, précise Frédéric Gallois. Pour les salariés en contrat d’alternance, dont la formation repose sur leur présence au sein de la communauté de travail, FO a obtenu un jour de télétravail hebdomadaire, au cas par cas, après accord de la hiérarchie.

Pas de remise en cause de l’accord RTT

La seconde avancée est la levée des points bloquants. La direction de SoLocal a renoncé à étendre les plages horaires de joignabilité des télévendeurs, au-delà des plages de présence obligatoire sur site instaurées en 2000 par l’accord de réduction du temps de travail. Il n’était pas question de reculer sur les acquis de l’accord RTT. La modification des plages fixes et mobiles aurait fragilisé notre accord. Nous n’étions pas dupes, martèle Frédéric Gallois, le DSC FO, qui a mobilisé en novembre 2020 par un mouvement de grève pour défendre l’accord RTT.

La direction est également revenue sur sa volonté initiale de ne pas verser d’indemnité télétravail en cas de télétravail occasionnel (grève des transports) ou exceptionnel (pandémie, cas de force majeure). C’était la seconde ligne rouge pour FO. Les salariés ont droit à une indemnité télétravail, que le télétravail soit régulier, occasionnel, exceptionnel. C’est une des dispositions de l’ANI du 26 novembre 2020, qui a été étendu en avril 2021, rappelle Frédéric Gallois, qui connaît bien le dossier.

En juin dernier, FO a engagé une action en justice contre SoLocal qui refuse d’indemniser le télétravail déclenché par la pandémie, au motif que l’accord en vigueur ne prévoyait qu’une indemnisation du télétravail régulier. L’action, où FO demande le dédommagement des salariés télétravaillant depuis le début de la pandémie au titre de l’égalité de traitement entre salariés, est toujours en cours.

Dans le cadre du nouvel accord, qui entrera en vigueur le 1er avril, toute modalité de télétravail sera désormais indemnisée mais, pour le télétravail régulier, le texte entérine le passage d’une indemnité journalière à une indemnité forfaitaire mensuelle réduite. Elle sera de 7 euros par mois, pour un jour de télétravail par semaine (contre 7,50 euros par jour précédemment), de 14 euros par mois pour deux jours de télétravail par semaine, et de 21 euros par mois pour trois jours de télétravail par semaine (disposition spécifique pour les salariées enceintes et les aidants familiaux à temps plein). En cas de télétravail occasionnel ou exceptionnel, l’indemnité sera de 2 euros par jour.

Nouveau rendez-vous en septembre

Si FO juge l’accord satisfaisant, le syndicat espère pouvoir l’améliorer en septembre, où un rendez-vous est prévu avec le nouveau DRH pour faire un premier bilan de l’entrée en application de l’accord. Ses principales revendications portent sur le choix des jours télétravaillés – le mercredi étant actuellement interdit et le vendredi imposé – ainsi que sur un nombre de jours plus élevé pour certains services.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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