Victoire salariale dans une clinique privée du Pays basque

InFO militante par Maud Carlus

Fred MARVAUX/REA

Épuisées par des conditions de travail déplorables et d’autant plus éprouvantes dans le cadre de leur quotidien marqué par la gestion éprouvante de la crise Covid, les infirmières et aides-soignantes de la Clinique d’Ursuya, à Cambo-les-Bains (Pyrénées Atlantiques), se sont mises en grève. En une seule journée, elles ont obtenu une augmentation des salaires et la garantie d’embauches supplémentaires. Retour sur une victoire en un temps record.

Cela a été une grève express, mais très efficace, se félicite Solange Harriet, déléguée syndicale FO à la Clinique d’Ursuya. Nous sommes à Cambo-les-Bains, dans le Pays basque. Dimanche 25 avril, à 7 heures du matin, une trentaine d’infirmières et d’aides-soignantes ont monté un piquet de grève, à l’appel de FO, majoritaire au sein du personnel.

En cause, le ras-le-bol général du personnel soignant de cet établissement classé SSR (soins de suite et de réadaptation). Il appartient au groupe de santé Bel Age, qui compte en plus de la Clinique d’Ursuya, neuf Résidences de Retraites Médicalisées et cinq Résidences Services Seniors.

Après un changement de direction en 2020, nous avons été livrés à nous-mêmes, raconte l’élue FO. Nous sommes en sous-effectifs en permanence, avec un turn-over énorme en raison des bas salaires (en moyenne de 1300 euros bruts pour les aides-soignantes et 1500 pour les infirmières), nous constatons des erreurs dans nos fiches de paye... le tout sans savoir vers qui nous tourner.

Des salaires peu attractifs

Le contexte social est donc compliqué, et avec pour conséquences notamment des difficultés constantes à recruter du personnel en CDI. Plus personne ne veut venir travailler chez nous, indique Solange Harriet. Nous sommes pris dans un engrenage de non-remplacement des départs, cela arrange la direction, mais nous, beaucoup moins. Et l’épidémie de Covid a encore davantage aggravé la situation.

Dans cet établissement « où il y a eu beaucoup de cas de Covid et des décès », la gestion de la crise a été épuisante pour les personnels explique la déléguée. « Nous avons eu une charge de travail énorme, sans aucune compensation. Et la mesure salariale du Segur (160 euros net dans le privé) n’est pas encore appliquée au sein de cette clinique relevant du secteur privé lucratif précise Solange Harriet.

Une grève courte et efficace

Cela a été une accumulation, résume-t-elle. Entre les départs à la retraite non remplacés, l’absence de compensations alors que la charge de travail des personnels présents ne cesse d’augmenter par ces non-remplacements, les salariées décident la grève. C’est allé très vite. Nous étions toutes solidaires, nous travaillons dans une ambiance très familiale. Le samedi soir nous avons déposé un préavis, et le dimanche à 7 heures, nous étions en grève pour 24 heures, reconductible.

La grève a donné immédiatement des résultats, soutenue par l’UD-FO des Pyrénées-Atlantiques, et le syndicat départemental FO Santé privée. Son secrétaire, Claude Harriet, indique ainsi : Le P-DG est venu dans la journée et à 17h30 un accord était signé. Les salariées étaient à bout, confirme celui qui est aussi trésorier de la UNSFO, mais elles redoutaient de se lancer dans ce mouvement. Une pétition lancée par FO avait également circulé quelques temps auparavant pour dénoncer les conditions de travail, ajoute-t-il, et elle avait été signée par 90% des salariées, les salariées étaient prêtes à se battre.

Dans cette branche, il n’y a que la grève qui marche

La mobilisation se solde par une belle victoire pour FO. En fonction de leur ancienneté, les aides-soignantes obtiennent une augmentation mensuelle de 129 à 163 euros bruts via notamment un changement de qualification et donc de placement dans la grille salariale. Quant aux infirmières, selon leur ancienneté aussi, elles obtiennent de 115 à 150 euros mensuels. Ces augmentations s’ajouteront au Segur de la Santé qui devrait être appliqué dès la paye de mai (206 euros bruts/mois obtenus en novembre 2020 par un accord de branche). Autre apport de la grève : l’assurance du recrutement de deux infirmières et d’une aide-soignante.

Franck Houlgatte, secrétaire général de l’Union nationale FO de la Santé privée se félicite de cette victoire, du jamais vu dans le secteur, précise-t-il. Dans cette branche, il n’y a que la grève qui marche. Et le Segur, négocié l’an dernier, a donné indique-t-il, une impulsion au mouvement et une légitimité encore plus évidente aux revendications.

De leur côté, Solange Harriet et ses collègues savourent bien sûr la victoire, mais restent vigilantes, d’autant que les recrutements s’annoncent très difficiles, malgré ces augmentations de salaire. Nous attendons un mois pour voir si les augmentations sont effectives, mais nous n’excluons pas de recommencer la grève si nos conditions de travail ne s’améliorent pas.