Le secteur des vins et spiritueux retient son souffle. Sera-t-il lui aussi concerné par les augmentations des droits de douanes annoncées par l’administration Trump dans certains secteurs ? La consommation de vin et d’alcool diminue régulièrement en France, des primes à l’arrachage sont annoncées pour cette année,
En 2019, la filière avait déjà été victime d’une surtaxation douanière de 25 % sur les vins tranquilles (non effervescents, Ndlr). La mesure de rétorsion était alors consécutive au différend commercial opposant l’Europe et les États-Unis dans le secteur de la construction aéronautique. Suspendue au printemps 2021, elle avait cependant eu pour conséquence une chute des exportations vers les États-Unis de près de 50 %, et la perte d’environ 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français.
La Chine fait durer le suspense
L’inquiétude est actuellement palpable, d’autant que le secteur est déjà sous une menace plus immédiate brandie par la Chine. En octobre dernier celle-ci a annoncé une augmentation des droits de douane sur les brandys européens, cette fois en rétorsion contre la décision européenne de taxer les véhicules électriques chinois. De 30 à 39 % de taxation ont été annoncés aux différentes maisons de cognac. Pour l’heure ces droits supplémentaires sont consignés, dans l’attente de la fin d’une enquête antidumping enclenchée par la Chine. Celle-ci pourrait rendre ses conclusions le 5 avril, mais l’exécutif chinois se réserve également la possibilité de reporter cette date au 5 juillet. Déjà l’approvisionnement des Duty free est bloqué en douane et les touristes chinois ne peuvent actuellement pas ramener plus d’un litre de cognac dans le pays
, souligne Stéphane Simonnet, secrétaire du syndicat FO chez Rémy Martin Merceron, délégué syndical FO chez Hennessy.
Un impact économique redouté
La Chine et les États-Unis représentent 80 % du marché du cognac
, poursuit le militant. Une augmentation des tarifs douaniers pourrait avoir un impact sur l’emploi dans le secteur des vins et spiritueux, 150 000 emplois directs actuellement, mais pas seulement. Le secteur de la chimie est aussi concerné, pour la production des bouteilles, celui du papier carton pour le conditionnement des envois et bien sûr, celui des transports…
, observe Pascal Saeyvoet. Sans oublier les conséquences sur le montant des taxes perçues sur les alcools (notamment droits d’accise) et par ailleurs sur le niveau des cotisations de sécurité sociale prélevées.