Vivarte : des plans pas vraiment sociaux

Emploi et Salaires par Françoise Lambert

Lundi 23 janvier 2017, les salariés de Vivarte manifestaient devant le siège de Vivarte. Photographie : F. Blanc (CC-BY-NC 2.0)

La crainte des salariés de nouveaux plans de licenciements massifs et d’une cession d’enseignes a été confirmée en début de semaine. FO et les autres syndicats sont déterminés à lutter contre le dépeçage du groupe.

Les syndicats le redoutaient. La direction du groupe d’habillement de Vivarte l’a fait. Une vaste restructuration et la cession des marques André et Naf-Naf viennent encore détruire de nombreux emplois au sein du groupe français d’habillement.

Les informations sont tombées au compte-gouttes en début de semaine, au gré d’un comité de groupe et de comités centraux d’entreprises des différentes filiales.

Fermeture de 141 magasins La Halle aux chaussures

A la Halle aux chaussures, qui emploie actuellement 3 200 salariés en CDI, la suppression de 573 postes est au programme, avec la fermeture de 141 des 650 magasins (et non 97 fermetures comme annoncé initialement).

La direction prévoit aussi la fusion de 41 autres boutiques avec celles de la Halle aux vêtements et la fusion des sièges de la Halle aux chaussures et de la Halle aux vêtements (150 emplois impactés sur un total de 520 actuellement).

Un autre PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) a de surcroît été annoncé dans une autre filiale, Vivarte Services, qui emploie 240 salariés. Environ 1 500 postes sont menacés en tout dans le groupe avec cette vaste restructuration.

Mise en vente des magasins de chaussures André et de Naf-Naf

Outre cette saignée d’emplois, la mise en vente de la chaîne de magasins de chaussures André, qui emploie près de 800 salariés dans 135 boutiques, a été annoncée, ainsi que la vente de la marque Naf-Naf (865 salariés).

Contre le système des LBO

On n’assiste pas à un plan de restructuration, on avance vers le démantèlement du groupe, estime Christophe Lecomte, de la section fédérale FO Commerce, qui dénonce le système des LBO (leveraged buy-out ou achat à effet de levier en français, Ndlr), qui permet à des fonds d’investissements de racheter des entreprises tout en faisant payer à celles-ci le coût du rachat, via des emprunts qui génèrent des dettes énormes.

Le groupe Vivarte est dirigé par des fonds d’investissements américains, parmi lesquels Alcentra et Oaktree, et les salariés assistent depuis quelques années à une valse sans précédent des dirigeants.

Plus d’argent consacré à la dette qu’aux investissements

Une étude financière commandée par les syndicats montre que le groupe Vivarte a consacré 1,9 milliard d’euros au service de la dette ces dix dernières années. Seulement 1,2 milliard d’euros ont été consacrés à l’investissement sur la même période.

Vivarte a perçu 45 millions d’euros depuis 2013 au titre du CICE

C’est d’ailleurs entre autres ce qu’ont expliqué les membres de l’intersyndicale, à la ministre du Travail Myriam El Khomri et au secrétaire d’État à l’Industrie Christophe Sirugue, qui les ont reçus le 25 janvier. Les représentants syndicaux ont en outre rappelé que Vivarte avait perçu 45 millions d’euros depuis 2013 au titre du CICE, estimant que le groupe devait rendre des comptes.

Les ministres se sont notamment engagés à rester « vigilants » sur la situation du groupe, assurant notamment que des inspecteurs du travail seraient présents pendant toute la procédure des PSE.

Le gouvernement ne va faire qu’accompagner les licenciements, il abandonne les salariés de Vivarte, a pour sa part déploré Gérald Gautier, de FO, à la sortie de l’entretien, Mon but, en tant que représentant FO, ce n’est pas d’accompagner un plan mais de défendre l’emploi.

Les syndicats FO, CGT, CFTC, CGC et SUD avaient manifesté le 23 janvier devant le siège lors du comité de groupe de Vivarte.

Ils vont maintenant se réunir pour envisager les suites à donner à leur mouvement.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante