Mercredi 1er février, le comité d’entreprise de Vivarte Services a commencé à examiner un plan de sauvegarde de l’emploi qui prévoit la suppression de 132 postes sur un total de 217, avec 57 licenciements, 39 transferts vers des sociétés extérieures et 36 transferts vers des filiales du groupe.
Deux PSE et la cession de deux enseignes
C’est la première réunion qui lance le début officiel des PSE (Plans de sauvegarde de l’emploi) chez le géant de l’habillement. A la Halle aux chaussures, le comité d’entreprise doit se tenir le 6 février. C’est la filiale du groupe la plus touchée, avec la suppression d’environ 700 postes. La majorité provient de la fermeture de 141 des 650 boutiques et le reste de la fusion de 41 autres magasins avec ceux de La Halle aux vêtements et de la fusion des deux sièges de La Halle aux chaussures et de La Halle aux vêtements.
Outre ces deux PSE, Vivarte a annoncé la mise en vente des magasins de chaussures André (800 salariés dans 135 boutiques) et la vente de la marque Naf-Naf. Ces cessions qui viennent s’ajouter à celles de Chevignon, Pataugas et Kookaï, qui avaient déjà été décidées.
1 500 postes menacés
Environ 1 500 postes sont sur la sellette dans le groupe Vivarte avec cette restructuration d’ampleur, qui fait suite à d’autres plans lancés en 2015, lesquels se sont traduits par 1850 suppressions d’emplois.
Face à ce tsunami social qui s’apparente à un « dépeçage » du groupe détenu par quatre fonds d’investissements, l’intersyndicale, qui regroupe les syndicats FO, CGT, CFTC, CGC et SUD, a décidé de riposter sur le terrain judiciaire.
Une contre-attaque sur le terrain judiciaire
Dans une lettre recommandée adressée au P-DG du groupe Patrick Puy, ils demandent la réunion rapide d’un comité de groupe extraordinaire. A l’ordre du jour : la désignation d’un cabinet conseil qui pourra demander la désignation par le tribunal de commerce d’un expert indépendant.
Il s’agit de déterminer si les directions successives du groupe ont agi dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés ou dans celui des actionnaires
, indique Gérald Gautier, délégué syndical central FO au sein du groupe Vivarte.
Les syndicats impliqués dans l’intersyndicale souhaitent que l’expertise s’intéresse à l’architecture du groupe Vivarte, et notamment à une société holding immatriculée au Luxembourg, Novartex.
La dette du groupe Vivarte n’a cessé d’augmenter ces dernières années au détriment de l’investissement, avec des rachats à crédit successifs de Vivarte - financés par l’entreprise elle-même, via le système des LBO (Leveraged buy-out ou achat à effet de levier en français).
Des comptes sur l’utilisation des fonds CICE
Les syndicats demandent également des comptes sur l’utilisation des fonds CICE dont a pu bénéficier le groupe Vivarte, 45 millions d’euros sur les cinq dernières années et 14 millions d’euros pour le dernier exercice en date.
Leur revendication a été relayée par la ministre du Travail Myriam El Khomri et le secrétaire d’État à l’Industrie Christophe Sirugue, qui, après les syndicats la semaine dernière, ont reçu la direction le 31 janvier. Les ministres ont indiqué avoir demandé la communication la plus rapide et la plus détaillée possible des conditions d’utilisation des sommes provisionnées au titre du CICE
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Remettre en question des plans qui portent préjudice aux salariés
Mais les syndicats impliqués dans l’intersyndicale comptent surtout sur la bataille qu’ils vont mener sur le terrain judiciaire pour remettre en question le fondement économique des plans qui portent actuellement préjudice aux salariés.
Ils n’excluent pas non plus de nouvelles mobilisations sur le terrain social. Ils ont prévu de se rencontrer la semaine prochaine.