Volotea : Par la grève, le SNPNC-FO poursuit le combat pour les conditions de travail

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Stephane AUDRAS/REA

Les salariés de la compagnie low cost Volotea se sont vu annuler leurs congés d’été car pas assez vaccinés. Le 5 juillet, le SNPNC-FO, des hôtesses et stewards, a déposé un préavis de grève qui court jusqu’au 30 septembre. Cette mobilisation vise aussi à dénoncer des conditions de travail très dégradées.

Vient avec l’été les envies de voyages et de sauter dans le premier avion. Encore plus quand celui-ci présente des tarifs très avantageux. Avec ses vols pour l’Italie, l’Espagne ou la Grèce à moins de 20 euros, Volotea fait partie des compagnies low cost. Mais ces prix défiants toutes concurrences ont tout de même un coût, pas pour les consommateurs mais bien pour les salariés. C’est incompatible de proposer des billets aussi peu chers et de mettre en place de bonnes conditions de travail, estime Alizée Bonnaure, cheffe de cabine et déléguée du Syndicat National FO du Personnel Navigant Commercial au sein de la compagnie aérienne.

Pas de vaccins, pas de vacances

Le syndicat a appelé l’ensemble des hôtesses et stewards de Volotea à la grève du 5 juillet au 30 septembre 2021. La goutte d’eau ? Le 9 juin, la direction a annoncé que les salariés travailleront tout l’été avec des équipes fixes de 6 personnes. L’argument avancé était que les taux de vaccination au sein des équipes étaient insuffisants et donc qu’en gardant les mêmes équipes, le risque sera moindre de contamination du virus, rapporte Alizée Bonnaure. Pourtant sur certains sites, comme ceux de Marseille ou Toulouse, on dénombre au moins 70 % des salariés vaccinés.
À cause de cette nouvelle règle, les salariés ne peuvent donc pas poser des congés durant cette période pour ne pas changer les équipes. Il s’agit de la seule compagnie à faire cela, souligne la déléguée syndicale. Ils nous ont expliqué s’aligner sur une recommandation de l’agence européenne mais celle-ci ne concerne que les hélicoptères et les vols sanitaires. D’autant qu’elle date de juin 2020, donc avant la vaccination.

Les organisations syndicales dénoncent une décision unilatérale – le CSE n’ayant pas été consulté – et qui piétine le droit du travail. Le DRH a dit à un des représentants des salariés qu’il ne comprenait pas pourquoi nous voulions des vacances alors que personne n’avait travaillé cet hiver. Or être confinés chez soi avec ses enfants et dans l’incertitude professionnelle due à la crise, ce n’est pas exactement ce que l’on appelle des vacances...

Dans un communiqué du 5 juin, la FEETS-FO a apporté son soutien au mouvement de grève de Volotea en dénonçant ce modèle low cost qui vient à nouveau nous démontrer ses mécanismes managériaux autoritaires et la maltraitance perpétuelle qu’elle fait subir à ses salariés. La Fédération a également appelé le gouvernement à agir au plus vite pour faire cesser ces pratiques prédatrices.

Des salariés épuisés

Mais la question des congés est depuis longtemps un casse-tête pour les travailleurs de la compagnie aérienne. Nous n’avons pas le droit de poser plus de 10 jours de congé par mois. Si nous voulons prendre deux semaines, il faut s’arranger pour les poser à cheval sur deux mois, raconte Alizée Bonnaure.

Plus largement, le tableau des conditions de travail que dresse la déléguée syndicale est peu reluisant. Le rythme de travail est très soutenu et la rémunération faible : Ils exploitent les salariés, souligne la déléguée syndicale. Elle raconte recevoir des appels de travailleurs épuisés : Ils travaillent pendant 3 ou 4 semaines de suite avec un seul jour de repos hebdomadaire.

Concernant les rémunérations, le salaire de base d’un personnel naviguant est au niveau du Smic, rapporte Alizée Bonnaure. Les heures supplémentaires sont peu cher payées, à hauteur de 26 euros brut, et n’interviennent qu’après 75 heures de vol. Pour les autres salariés, les primes apparaissent également faibles : 200 euros pour les chefs de cabine, 300 euros pour les instructeurs… Et les changements de grades, qui se traduisent aussi par une évolution salariale, sont pour le moins opaques. 70 % des employés sont ici depuis plusieurs années et toujours au premier grade, pourtant les conditions de passages sont écrites dans les règles de l’entreprise, souligne Alizée Bonnaure qui indique être elle-même au premier grade depuis plus de 3 ans qu’elle est dans la compagnie.

Premier mouvement de cette ampleur

La grève affiche aussi son caractère symbolique tant on vient de loin, estime la déléguée syndicale. Elle cite pêle-mêle les horaires de nuit, courantes mais pas rémunérées en tant que telles, le manque de visibilité sur les plannings, les journées d’astreintes … Autant d’éléments qui nourrissent légitimement la colère des salariés. Lorsque nous sommes en stand-by, de 4h du matin à 16h, on peut nous appeler pour venir à l’aéroport dans l’heure. Ces journées sont payées 16 euros brut mais si l’on nous appelle pour travailler, cela est payé dans notre forfait de 75 heures ; Résultat : on perd de l’argent en allant bosser. On marche sur la tête.

La mobilisation continue donc via diverses actions, notamment avec le CSE car il n’y a que ça à faire pour le moment, explique Alizée Bonnaure. Et si elle a peu d’espoir d’avoir des vacances cet été, le combat mené est motivant, il s’agit d’améliorer l’ensemble des conditions de travail. Volotea joue sur la peur des employés. Par exemple, il y a eu une grève en 2016 à Nantes et la légende dit que les deux personnes qui ont été à l’initiative ont quitté l’entreprise car on leur à mener la vie dure à la suite de ce mouvement. Mais là, c’est la première fois qu’il se passe un mouvement de cette ampleur. Les dirigeants sentent qu’il se passe quelque chose, que le vent tourne.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération