Les comptes du groupe Financière Turenne-Lafayette, maison-mère de William Saurin, Garbit ou Madrange, étaient truqués depuis des années. Cette révélation de la nouvelle direction le 14 décembre, deux semaines après le décès de l’ancienne propriétaire, a fait l’effet d’un tremblement de terre pour les 3 200 salariés, répartis sur 21 sites. L’État, qui promet de tout faire pour préserver l’emploi, a saisi la justice et accordé au groupe un prêt de 70 millions d’euros le 16 décembre.
Une semaine après que le scandale ait éclaté, les représentants des salariés, pourtant les premiers concernés, ne sont toujours pas informés sur la situation des comptes du groupe. Entre les nouveaux dirigeants, l’État, les banques et les commissaires aux comptes, tout le monde semble posséder des informations alarmantes, dénonce Didier Pieux, secrétaire fédéral de la FGTA-FO. Nous voulons savoir ce qui se passe et ce qui sera fait demain pour sauver l’emploi. La direction ne réunit pas le comité de groupe, seulement les CE et CCE. On dirait qu’elle veut gagner du temps et court-circuiter les élus du personnel, c’est inacceptable.
On est dans une nébuleuse
La FGTA-FO compte déclencher un droit d’alerte et nommer un expert pour mener une enquête objective. Elle se réserve aussi le droit d’engager des poursuites judiciaires contre les responsables de la situation.
Didier Pieux s’interroge sur le rôle du nouveau président, nommé début décembre. La direction est assurée par quelqu’un issu d’un cabinet de redressement, il sort de nulle part, explique-t-il. On se demande où est passé le numéro deux du groupe, il a disparu. On est dans une nébuleuse, j’ai l’impression que tout est scénarisé depuis le départ.
Encore plus étonnant, les élus du personnel ont rendez-vous le 23 décembre au ministère de l’Agriculture pour échanger sur ce dossier. On est dans le brouillard total, pourquoi est-ce le gouvernement et non la direction qui informe les salariés ?
, s’interroge le secrétaire fédéral.
Éviter la casse sociale
Pour la FGTA-FO, tout doit être fait pour éviter la casse sociale. Il manque déjà des matières premières, les fournisseurs ayant peur de ne pas être payés. Didier Pieux craint le démantèlement du groupe. Nous avons appris que le groupe Bigard serait intéressé par le rachat de William Saurin, des discussions avaient été engagées avec l’ancienne propriétaire, poursuit Didier Pieux. La marque a souffert suite à la crise de la viande de cheval. L’ancienne patronne se voulait rassurante, mais la baisse d’activité se voyait sur les chaînes de production.
Autre inquiétude, l’ancienne propriétaire souhaitait que sa fortune, qui s’élevait à 400 millions d’euros, soit léguée à une fondation pour l’enfance, en cours de constitution. Au vu de la situation, il n’en est pas question, prévient Didier Pieux. Si nécessaire, il faudra prendre dans ses fonds propres pour relancer l’activité et sauver l’emploi.