XIIIe congrès de la CES : « Se renforcer pour montrer qu’une autre Europe est possible »

Événement par Evelyne Salamero

Bernadette Ségol, secrétaire générale sortante de la CES, a été chaleureusement félicitée pour l’exercice de son mandat. © F. Blanc.

Confrontée à un contexte de crise économique et d’austérité sans précédent dans son histoire, la Confédération européenne des syndicats entend accroître son rôle et son unité interne.

« Nous venons de traverser l’une des périodes les plus noires de l’histoire du syndicalisme européen. La clé est de relancer le rôle de la CES et de rendre son action plus efficace pour montrer qu’une autre Europe est possible. » Ces mots de Luca Visentini, nouveau secrétaire général de la CES, résument la teneur des débats du XIIIe congrès de l’organisation européenne qui s’est tenu à Paris du 29 septembre au 2 octobre avec 1 400 participants, dont 500 délégués votants, représentant 90 organisations syndicales de 39 pays. Confronté à un contexte où « l’économie sociale de marché promise dans le traité de Lisbonne a été dévoyée par une autre idéologie contenue dans le pacte de stabilité budgétaire », a expliqué Bernadette Ségol, le mouvement syndical européen a décidé de prendre le taureau par les cornes.

La CES entend obtenir une nouvelle politique macroéconomique basée sur la fin des politiques d’austérité, la relance de la demande par l’augmentation des salaires et des pensions et un plan d’investissements – bien supérieur aux 315 millions d’euros prévus par la Commission européenne – pour assurer des emplois de qualité pour tous, rappelle le manifeste adopté par les congressistes. Son autre priorité est de restaurer le droit syndical, le droit de négociation collective et le droit de grève partout où ils sont mis à mal.

Annexer aux traités un protocole social contraignant

Pour remettre ainsi le social au cœur du projet européen, la CES exige d’annexer aux traités un protocole social de droit primaire, c’est-à-dire avec une valeur contraignante, a rappelé Jean-Claude Mailly dans son discours d’ouverture prononcé au nom des cinq affiliées françaises. « Pour obtenir tout cela, nous avons besoin de négocier avec la Commission européenne et avec les gouvernements. Et pour négocier, il faut participer à la gouvernance européenne », a souligné Luca Visentini. Pour la confédération FO, il s’agit non pas de « participer » mais de « peser sur » les décisions prises au niveau européen, a expliqué à la tribune du congrès Andrée Thomas, secrétaire confédérale chargée du secteur International, au nom de la délégation FO, soulignant : « Nous devons rester un contrepoids, une organisation indépendante. »

Les congressistes ont également décidé de « renforcer l’engagement réciproque entre la CES et ses affiliés », d’initier « une discussion interne plus approfondie (...) pour surmonter les énormes difficultés auxquelles le dialogue social est actuellement confronté », et de renforcer « l’unité interne » de la CES par davantage de « coopération, coordination et solidarité ». 


Zoom : Urgence
Plusieurs motions d’urgence ont été adoptées au congrès vde la CES. La première d’entre elles appelle à une « véritable coopération entre États membres de l’UE » face à la crise des réfugiés. Une autre appelle à condamner la remise en cause du droit de grève et des droits syndicaux en Espagne. Les autres portent sur la situation en Irlande du Nord, l’annonce d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, la santé et la sécurité au travail, le soutien aux travailleurs grecs, le traité de libre-échange sur les services (Tisa), ainsi que le soutien aux journalistes turcs emprisonnés.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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