XXVe Congrès FO à Rouen : Les revalorisations salariales, c’est maintenant !

Congrès confédéral 2022 à Rouen par Elie Hiesse, L’inFO militante

© F. BLANC
Article publié dans l’action Congrès confédéral 2022 à Rouen

Alors que l’inflation a franchi la barre des 5 % en mai (sur un an), les revendications salariales sont au cœur des interventions au XXVe Congrès FO à Rouen. Qu’ils soient du secteur privé ou de la Fonction publique, tous les délégués exigent une augmentation très significative des salaires et de la valeur du point d’indice. Des mobilisations à l’initiative de FO sont annoncées face à l’austérité imposée. Ce sera le 2 juin dans les industries électriques et gazières et le 9 juin dans le groupe Aéroports de Paris.

Les salariés ne demandent pas la charité, ils ne demandent pas un chèque alimentaire, une indemnité inflation, une prime Macron, ils revendiquent d’être rémunérés, justement, de leur travail ! (…) Parce que le salaire doit permettre à tout un chacun de vivre dignement du travail, a rappelé le secrétaire général Yves Veyrier, en ouverture du XXVe Congrès confédéral FO, lundi 30 mai à Rouen.

Sans surprise, alors que l’Insee vient d’annoncer le chiffre provisoire de l’inflation, établi à 5,2 % en mai sur un an, le sujet des salaires est de quasiment toutes les interventions, face aux revalorisations plus que poussives concédées dans le secteur privé, face au gel du point d’indice devenu intolérable dans la fonction publique.

Du public au privé, la légitime revendication salariale

Ainsi que l’a rappelé Jean-Michel Lucas, secrétaire FO des organismes sociaux du Morbihan, depuis 2010, les agents n’ont eu aucune revalorisation du point d’indice. Une hausse des salaires est devenue in-dis-pen-sable !. L’urgence à agir est partagée par Salima Bouchalta, secrétaire départementale FO-Isère du Spaseen (syndicat des personnels administratifs des services extérieurs de l’Éducation nationale). La pauvreté menace toutes les catégories de fonctionnaires. En catégorie B, il faut être au troisième échelon pour atteindre le Smic ; dans la catégorie A, on débute à 110 % du Smic !, a détaillé la militante FO, pour qui la revendication salariale ne sera satisfaite qu’avec une hausse de 23 % de la valeur du point.

À l’AFPA, où les négociations NAO 2022 sont ouvertes depuis avril, la colère monte aussi après un gel des salaires depuis plus de dix ans. Alors que FO revendique, outre la revalorisation du point d’indice, une augmentation de 100 euros de la partie du salaire uniformément répartie (PRU), la direction propose une hausse de 25 à 45 euros. C’est non, on prépare la mobilisation des salariés dans le cadre d’une intersyndicale, a expliqué Nathalie Tondolo, secrétaire générale du syndicat FO.

Dans le commerce, sur dix-huit conventions collectives, une seule a ses premiers niveaux de classification supérieurs au Smic, a poursuivi Gérald Gautier de FO-Commerce, laquelle fédération a été reçue au ministère du Travail. Sans résultat : Le ministère, malgré ses déclarations, n’a exercé aucune contrainte sur la partie patronale pour l’obliger à relever les minima de branche. On ne peut plus continuer ainsi !, a martelé le militant, proposant un conditionnement des aides publiques aux employeurs (notamment en matière de formation professionnelle) au relèvement des minima de branche à hauteur du Smic.

Le secteur bancaire n’est pas en reste, contre toute attente. Les bas salaires sont nombreux, a renchéri Mireille Herriberry, secrétaire fédérale FO-Banques et sociétés financières. Dans la branche AFB, trois niveaux de classification se situent désormais en dessous du Smic, et c’est inédit. La situation est la même dans la branche des sociétés financières. Les entreprises utilisent la politique salariale comme une simple variable d’ajustement financière, a expliqué la secrétaire fédérale. En février, FO a demandé aux ministères de l’Économie et du Travail d’intervenir face aux propositions indécentes du patronat des banques commerciales, se résumant alors à une proposition de hausse de… 1,6 % pour les seuls minima (2 000 salariés concernés), alors que le secteur a enregistré des résultats 2021 historiques. Sans retour ministériel. Les négociations se sont conclues par un procès-verbal de désaccord. Appuyée par une intersyndicale, FO exige une nouvelle ouverture des NAO 2022, et toujours une revalorisation générale des salaires

Appels à la grève

Dans les industries électriques et gazières, FO a décidé d’engager le rapport de force et appelle les personnels à la grève le 2 juin, dans le cadre d’une action interfédérale, pour envoyer un message clair aux employeurs sur la nécessité d’une revalorisation significative du SNB (salaire national de base). Alors que le salaire minimum a augmenté de 5,8 % depuis octobre 2021, les employeurs de la branche ont pris une décision unilatérale d’augmentation du SNB de 0,3 % au 1er janvier 2022. Il est inadmissible que le salaire brut d’entrée (NR 40, échelon 4) soit inférieur au Smic, et que l’ensemble de la grille salariale ne soit pas revalorisé par le biais d’une augmentation du SNB, a martelé Alain André, secrétaire général de la Fédération Énergies et Mines FO, pour qui les revalorisations salariales, c’est maintenant !. La FNEM-FO revendique une hausse de 5 % a minima.

Des deux premières journées du XXVe Congrès confédéral FO, le cas particulier du groupe Aéroports de Paris (ADP), au capital duquel l’État est majoritaire, restera l’un des plus emblématiques de l’austérité sans précédent imposée aux travailleurs. FO y appelle à la grève le 9 juin, pour exiger une hausse générale des salaires d’un minimum de 5 %, et endiguer les conséquences du PACT (plan d’adaptation des contrats de travail), qui a organisé en 2021 une baisse des rémunérations de l’ordre de 5 % en supprimant certaines primes, par le biais de signatures d’avenants au contrat de travail. Un énième coup de massue pour le personnel qui, depuis la pandémie, a subi un recours généralisé à l’activité partielle, puis 1 150 départs en 2021 (dont 700 non remplacés) dans le cadre d’une RCC (rupture conventionnelle collective). La direction motivait alors le PACT par la nécessité de réaliser des économies dans le contexte de baisse du trafic aérien. Un argument fallacieux pour FO [le trafic devant nécessairement reprendre, NDLR], qui n’a cessé d’exiger son retrait, notamment par la grève. Le PACT a été un chantage au licenciement. Les salariés refusant de signer l’avenant s’exposaient à un licenciement dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi, a rappelé Fabrice Criquet, secrétaire du syndicat FO-ADP.

Mais de « compensation » salariale dans le groupe ADP, il n’y en a toujours pas. Sans même parler de prise en compte de l’inflation galopante pour maintenir le pouvoir d’achat des agents, déjà entamé par le PACT. Les négociations NAO, courant janvier, se sont conclues par un procès-verbal de désaccord, la direction restant sur une proposition d’augmentation générale de… 0,5 %, outre l’engagement d’une négociation d’un accord d’intéressement. FO n’a rien lâché. Fort de la signature de 498 agents de toutes catégories et de toutes les plateformes (Roissy, Orly, Bourget et aérodromes secondaires) à sa lettre ouverte exigeant une augmentation générale de 5 %, le syndicat a obtenu en avril de rencontrer le P-DG, et son engagement à prendre des mesures de pouvoir d’achat… dans les quatre semaines.

On les attend encore ! Mais c’est maintenant, et aujourd’hui, que les salariés doivent passer à la station-service, payer leurs factures et leurs courses. C’est maintenant, et aujourd’hui, que nombre d’entre eux ont dû mal à finir le mois, à payer les factures, a tonné Fabrice Criquet à la tribune du XXVe Congrès confédéral en annonçant l’appel à la grève de FO-ADP le 9 juin. Sous les applaudissements.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Dans l’action Congrès confédéral 2022 à Rouen