Yonne : Les salariés de la psychiatrie publique disent non au groupement hospitalier

Service Public par Françoise Lambert

Le 31 mars dernier, 250 agents du CHS d’Auxerre ont manifesté contre l’intégration au GHT.

Les salariés du Centre hospitalier spécialisé de l’Yonne manifestent le 10 mai devant l’Agence régionale de santé Bourgogne Franche-Comté, à l’appel de FO et de la CGT, pour dire leur refus de leur intégration dans un groupement hospitalier de territoire.

La tension monte entre l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne Franche-Comté et le centre hospitalier spécialisé de l’Yonne, autour de l’intégration de l’établissement psychiatrique de 850 salariés à un groupement hospitalier de territoire (GHT).

Alors que les GHT issus de la loi Santé, et combattus par FO, sont progressivement mis en place sur le territoire depuis le 1er juillet 2016, le centre hospitalier spécialisé de l’Yonne a bénéficié d’une dérogation qui arrive à échéance le 1er juillet prochain.

L’ARS demande désormais à l’établissement de se prononcer sur son adhésion au GHT Nord-Yonne ou à celui qui regroupe les établissements hospitaliers du sud du département.

Les médecins et les élus aux côtés des personnels

Avec leurs syndicats FO et CGT, les salariés du Centre hospitalier spécialisé de l’Yonne revendiquent la pérennisation de la dérogation, et disent leur refus d’une intégration dans un GHT, quel qu’il soit. Cette volonté a aussi été exprimée par les médecins et les élus locaux, dans le cadre des instances de l’hôpital.

Toutes les instances de l’établissement, CHSCT, conseil de surveillance, commission médicale d’établissement, comité technique d’établissement, ont dit leur refus d’un GHT.

« La psychiatrie requiert des moyens essentiellement humains »

La commission médicale d’établissement, qui regroupe les médecins, rappelle dans une motion adoptée le 27 mars que la psychiatrie est une discipline médicale dont les missions requièrent des moyens essentiellement humains qui seront nécessairement mis en danger par une dilution des moyens qu’annonce la gestion hospitalière des futurs GHT.

Le centre hospitalier spécialisé de l’Yonne, dont l’unité principale d’hospitalisation se situe à Auxerre, regroupe plusieurs établissements publics, dont une autre unité d’hospitalisation à Sens et des centres médico-psychologiques sur l’ensemble du département.

Il travaille en partenariat avec de nombreuses structures départementales, notamment du secteur social et médico-social, dont des Ehpad et des centres accueillant des enfants et des adolescents.

FO combat les GHT, annonciateurs de suppressions de postes et de lits

Au-delà des spécificités de la psychiatrie, et de notre établissement en particulier, qui rendent incohérente son adhésion à un groupement hospitalier de territoire, FO s’inscrit contre le principe même des GHT, rappelle Patrice Tixier, responsable du groupement départemental Santé FO de l’Yonne.

FO combat depuis l’origine les GHT, car ils sont annonciateurs de fusions débouchant sur des suppressions de postes et de lits, et de mobilités forcées. Le nombre de postes menacés par cette vaste restructuration hospitalière a été estimé à 22 000 sur l’ensemble du territoire.

In fine, l’intégration dans un GHT signerait une dégradation sans précédent de nos conditions de travail et de la qualité des soins., indique Patrice Tixier.

La mobilisation en marche

Les salariés du centre hospitalier spécialisé de l’Yonne s’étaient déjà fortement mobilisés le 31 mars, jour de la tenue d’un conseil de surveillance sur la question de l’intégration de l’établissement à un GHT.

Des dizaines de grévistes avaient investi la réunion, et le conseil avait apporté son soutien au personnel, votant une motion pour s’opposer fermement à l’obligation d’adhérer à un groupement hospitalier de territoire.

Le 10 mai, une délégation de la fédération des services publics et de santé FO sera présente aux côtés des agents du centre hospitalier spécialisé de l’Yonne dans la manifestation devant l’Agence régionale de santé. Les personnels d’autres établissements hospitaliers psychiatriques et généralistes de la région ont aussi été appelés à se joindre au mouvement.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante