Yves Veyrier, Secrétaire général de FO, était l’invité de Marc Fauvelle

:franceinfo le 1er février 2021 par Yves Veyrier

Yves Veyrier, Secrétaire général de Force Ouvrière, était l’invité de Marc Fauvelle, sur France Info le lundi 1er février 2021.

Marc Fauvelle : le gouvernement a fait le choix du couvre-feu, est-ce qu’Emmanuel Macron a fait le bon choix ?

Yves Veyrier : Je pense qu’il a entendu le fait que le confinement, les restrictions, le couvre-feu, le fait qu’on ne puisse pas travailler alors qu’on a envie de travailler en réalité, depuis tout ce temps pour ceux qui ne peuvent pas travailler malheureusement aujourd’hui, eh bien, crée de l’angoisse. Incontestablement, tout un chacun espère pouvoir éviter le confinement, et en même temps nous sommes attentifs à la santé de la population, à la santé des salariés.

 

MF :  Vous êtres très « en même-temps »

YV : Tout le monde a envie de protéger sa santé et tout le monde a envie de préserver son emploi, de préserver son pouvoir d’achat. C’est ça l’inquiétude, le souci de tous et toutes.

 

MF :  C’est-à-dire qu’il fallait prendre en compte l’état de fatigue, l’exaspération de certains Français face à ces mesures  

YV : Du côté des salariés, l’exaspération vient plutôt du comportement d’un certain nombre d’entreprises qui licencient, suppriment des emplois, restructurent et qui utilisent cette situation comme effet d’aubaine, d’accélérateur.

 
MF :  Vous pensez à qui en particulier ? Flunch  

YV : On en a toute une litanie. Il y a eu Flunch la semaine dernière. Il y a eu ces suppressions d’emplois annoncés dans la recherche et le développement par Sanofi là où on attend qu’elle mette plutôt le paquet pour produire du vaccin. Il y a des petites entreprises dont on ne parle pas non plus. Aujourd’hui, les salariés paient déjà le prix fort. Il y a 80 000 suppressions d’emplois sur la sellette en ce moment, plus de 700 PSE. Nous sommes à plus de 6 millions de chômeurs. Quand vous êtes en activité partielle vous perdez du pouvoir d’achat. Quand j’ai vu le Premier ministre vendredi dernier, je lui ai dit « attention à ce que le ‘quoi qu’il en coûte’ ne se transforme pas demain en ‘quoi qu’il en coûte aux salariés. 

MF : Pour revenir sur la décision d’Emmanuel Macron, vous êtes sur la même ligne ?

YV : Je suis sur la ligne de la protection de la santé des salariés, de la protection de l’emploi. J’attends du gouvernement des mesures beaucoup plus strictes, qu’on interdise les licenciements partout où il y a et il y a eu aides publiques aux entreprises, par exemple.

  MF : Yves Veyrier est-ce qu’il faut accélérer encore sur le télétravail ?

YV : On vient d’évoquer le fait d’avoir évité un re-confinement généralisé, mais, vous savez, quand vous êtes en télétravail à domicile, à 100%, avec un couvre-feu à 18h, ça ressemble à s’y méprendre à un confinement pour ceux-là et celles-ci. Nous avions la souplesse de pouvoir revenir une journée par semaine et, à l’évidence, les salariés sont preneurs de cela, parce qu’il y a la question de l’impact psychologique. Nous avons négocié un accord national interprofessionnel sur le télétravail qui prévoit justement l’obligation, la nécessité de négocier la mise en place du télétravail, y compris, dans les circonstances exceptionnelles en termes de droit à la déconnexion. Il faut utiliser cet accord. Il faut faire en sorte que les salariés ne soient pas surexploités parce que travaillant à domicile. Parfois, on se surexploite soi-même, parce qu’on a la volonté de faire la démonstration qu’on travaille effectivement, qu’on n’est pas chez soi sans travailler. Il faut faire très attention à cela. Il y a des conditions qui doivent être respectées, notamment, en matière de temps de travail, de moment où vous êtes contactés ou non par votre entreprise, disponible, ce qu’on appelle le droit à la déconnexion.

 
MF : Est-ce qu’on augmente le temps des personnes en télétravail qui a eu tendance à baisser depuis la sortie du deuxième confinement  

YV :  Ce n’est pas quelque chose d’uniforme. Le télétravail a, d’une part, l’objectif d’éviter la densité de la population sur les lieux de travail. Mais sur les lieux de travail où on a mis en place des dispositions qui permettent de respecter les gestes barrières, la question se pose moins. Et puis, il y a aussi la question de la densité des transports. Il faudrait s’assurer qu’on ait une offre de transports suffisante, qu’on ait des assouplissements d’horaires qui permettent d’éviter de se croiser à trop grand nombre de personnes dans les transports en commun. Enfin, il y a pas mal d’endroits où vous n’avez pas l’obligation de prendre les transports en commun parce que vous n’habitez pas très loin ou parce que vous avez votre véhicule personnel… Il y a des situations très différentes et cela doit pouvoir se négocier. Nous avons dans cet accord national renvoyé la nécessité de négociations dans les entreprises, dans les branches, sur les conditions de la mise en œuvre du télétravail y compris en termes d’horaires, de droit à la déconnexion, de prise en charge des frais que génère le télétravail pour les salariés qui sont à domicile.

 

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière