Assurance chômage : le paritarisme macronisé ?

Revue de presse par Michel Pourcelot, Yves Veyrier

© HAMILTON/REA

La rupture des négociations paritaires sur la « réforme » de l’assurance chômage voulue par le gouvernement, mercredi 20 février, a conduit la presse à s’interroger. Aperçus

Le Courrier Picard
Un échec programmé ? Cette fois, c’est clair, l’exécutif reprend la main sur l’assurance-chômage. Emmanuel Macron avait déjà donné le ton, ironisant sur ces partenaires sociaux à qui on avait laissé l’initiative et qui, comme c’est difficile, ont rendu hier au gouvernement la copie. Mais, en termes de difficultés, le cahier des charges pour cette nouvelle réforme de l’assurance chômage relevait aussi d’une forme de mépris à l’égard des corps intermédiaires, manifeste depuis le début du quinquennat : Exiger une forte diminution des dépenses (3 milliards sur trois ans) et l’introduction d’un bonus-malus sur les contrats courts revenait à braquer à la fois les syndicats de salariés et le Medef. L’objectif étant atteint, Édouard Philippe a pu commencer hier à dérouler le programme à venir.

Le Point
Après la petite pointe du chef de l’exécutif : le président du Medef a jugé injuste la critique d’Emmanuel Macron. Dire que quand c’est dur, comme l’a pointé Emmanuel Macron, les partenaires sociaux se défaussent sur l’État est injuste, a affirmé le chef de l’organisation patronale, jugeant que la mission posée par l’État pour cette réforme était impossible à remplir. Quand les ingérences sont permanentes, oui, c’est dur de trouver des consensus. Dur, également, d’obtenir des économies des syndicats quand le gouvernement ne parle que du bonus-malus, a-t-il encore insisté. Avant lui, les syndicats CGT, FO et CFDT avaient déjà vivement répondu au président de la République après ses critiques lancées jeudi [24 février] à l’encontre des partenaires sociaux.

Le Journal du Dimanche
En effet, cette déclaration n’a guère été appréciée par les intéressés. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dit à Emmanuel Macron sur Twitter : Et si la démocratie ne passait pas par des petites phrases polémiques ou médias interposés ? Nul doute qu’elle fonctionnerait mieux dans notre pays. La démocratie sociale a souvent prouvé son efficacité et sa responsabilité lorsqu’elle n’est pas soumise à des lettres de cadrage impossibles, menant sciemment une négo dans l’impasse, a poursuivi Laurent Berger sur le réseau social. Quand on veut accuser le paritarisme, on...

Les Échos
De son côté, Force Ouvrière, elle, a bien l’intention de revenir à la charge avec son mécanisme de bonus-malus calqué sur celui des accidents du travail et maladies professionnelles soutenu par tous les syndicats. Mais comme les autres organisations de salariés, la centrale d’Yves Veyrier craint la mise en œuvre des économies qui étaient déjà inscrites dans la lettre de cadrage des négociations qui ont échoué.

La Tribune
Et il semble que La nouvelle cure d’économies pour l’assurance-chômage se confirme. Après l’échec des négociations entre partenaires sociaux, Édouard Philippe a confirmé ce matin [26 février] qu’il conservait l’objectif de réduire les dépenses de l’Unédic de 1 à 1,3 milliard d’euros par an jusqu’en 2021. La volonté affichée du gouvernement est de réduire la dette de l’assurance chômage, qui devrait atteindre 35 milliards d’euros en 2018. A croire que certains échecs rapportent. Et certains voient dans l’annonce du gouvernement un moyen détourné de réduire l’endettement de l’État, la dette de l’Unédic étant comptabilisée par l’Union européenne dans la dette globale des administrations. Cela, alors que des excédents sont déjà prévus pour 2020 et 2021. Mais certaines comptabilités ont des raisons que l’austérité n’ignore pas.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière