Conseil national de la refondation : quel sens ? Quels objectifs ?

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© Romain Gaillard/REA

Qui a quelques notions d’histoire verra dans CNR, l’acronyme du Conseil national de la Résistance, né pendant la Deuxième guerre mondiale et dont le programme, à l’issue de celle-ci, a amené des avancées sociales majeures, dont la Sécurité sociale. Dans ce CNR, la place et le rôle des syndicats étaient déterminants.

En 2022, le sens des trois lettres accolées CNR deviendrait tout autre. Le président de la République vise ainsi à créer, après les élections législatives, un « Conseil national de la refondation ».

Il serait composé de  forces politiques, économiques, sociales mais aussi associatives, des élus des territoires et des citoyens tirés au sort indique Emmanuel Macron qui voit en ce CNR, une « méthode » permettant de réfléchir à des axes de politiques pour les cinq années à venir tel sur  l’indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein-emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l’égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle.

La question du pouvoir d’achat qui doit faire l’objet d’un prochain projet de loi d’ici l’été passerait ainsi auparavant entre les mains de ce CNR.

Une refondation chère au Medef...

C’est le Medef qui à partir des années 2000 a particulièrement rendu célèbre le mot refondation, lançant son concept de Refondation sociale, au risque d’oxymore puisqu’il s’agissait, en résumé, d’activer la philosophie patronale ultra-libérale en ouvrant des discussions visant à remettre en cause des acquis sociaux, dont certains, tel sur les retraites, issus du travail du CNR de 1944 sur la protection sociale !

En 2019, en plein combat contre un système de retraite universel par points, le Premier ministre, Édouard Philippe, arguait quant à lui qu’une telle réforme était totalement fidèle à l’esprit du CNR d’après-guerre. Les centaines de milliers de travailleurs qui ont manifesté contre cette réforme, régulièrement pendant quatre mois, n’ont pas été de cet avis ! Après une adoption du projet avec utilisation de la procédure 49.3, (donc sans vote et sans débat au Parlement), la réforme a dû être suspendue en mars 2020.

FO met en garde contre une instrumentalisation des syndicats

Ces derniers jours, interviewé par différents médias, le secrétaire général de FO soulignait quant à lui que résistance et refondation ne sont pas des synonymes. Et reprenant l’expression gaullienne de machin pour qualifier ce CNR nouveau dont beaucoup d’observateurs peinent à comprendre l’utilité, Frédéric Souillot rappelait l’existence du CESE (le conseil économique, social et environnemental), doté d’une représentation variée, dont syndicale, et habilité à examiner de multiples dossiers.

Le 10 juin, à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État, la confédération mettait aussi en garde vis-à-vis d’une démarche qui viserait à associer ou instrumentaliser le syndicat à des décisions prises à l’avance, a fortiori dans un CNR dont les contours, la composition et les objectifs restent particulièrement flous.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération