Saisonniers : FO revendique un statut protecteur pour ces travailleurs

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Hiver comme été, FO est aux côtés des saisonniers. Alors que la question des rémunérations est la grande oubliée des engagements du gouvernement pour améliorer le sort de ces travailleurs, FO continue de revendiquer une hausse des salaires. Elle demande aussi la création d’un statut capable de constituer une protection pour les saisonniers.

En ce début d’été, et même si les thématiques sont hélas aussi valables en hiver, reviennent les problématiques propres aux travailleurs saisonniers. D’autant que s’ils ont été annoncés en grandes pompes par le gouvernement, les quinze engagements prétendant améliorer les conditions d’emploi de ces travailleurs apparaissent comme une coquille vide. Il y a des petites mesures sur le recrutement, le logement ou encore la formation, mais c’est vraiment à minima, explique Laurence Gilbert, secrétaire générale du Syndicat national de l’éducation permanente, de la formation, de l’animation, de l’hébergement, du sport et du tourisme (Snepat-FO). Le pire, c’est qu’il n’y a aucun engagement sur les salaires et rémunérations. Un comble quand on parle d’améliorer l’emploi... Dans le secteur des hôtels, cafés et restaurants (HCR), on peut percevoir le Smic, et seulement le Smic, même lorsque l’on sert 30 couverts par heure !, s’indigne Thierry Boukarabila, négociateur dans la branche pour la FGTA-FO.

Au plan du recrutement et alors que la saison va commencer, le secteur HCR est toujours à la recherche de 150 000 saisonniers. Or, malgré ces difficultés, le patronat reste sourd à la question de l’attractivité des salaires. Dans le tourisme social et familial, un avenant a été signé en novembre 2022, pour application en janvier 2023. Mais avec l’augmentation du Smic, il est déjà caduc, explique Laurence Gilbert. Les quatre premiers niveaux sont en deçà du minimum horaire. Cela induit quatre premiers niveaux compris entre 1 688€ et 1 749€ euros brut mensuels quand le Smic est à 1 747€. Même situation dans le secteur HCR où l’avenant n°29 (relatif aux salaires dans la branche, arrêté d’extension du 10 mars 2022) a été rattrapé par les hausses du Smic : les quatre premiers échelons ont été alignés sur ce taux horaire, indique Thierry Boukarabila.

Hausse des salaires : la seule réponse au manque d’attractivité des emplois

Le problème de l’attractivité des salaires n’est pas nouveau rappelle le négociateur de la FGTA-FO, les premières études concernant les difficultés de recrutement du secteur datent d’il y a dix ans !. La situation est inquiétante et encore plus quand on prévoit une hausse de 36% des besoins en recrutement pour les Jeux Olympiques à Paris. Malgré cela, rien ne change se désole celui qui suit les négociations du secteur depuis près d’une dizaine d’années. On se plaint, mais personne ne réagit. Ni les patrons, ni l’État ! FO ne cesse de demander la réouverture de négociations salariales. Mais on se heurte pour l’instant à un mur, dénonce Laurence Gilbert. Bien que la reprise de l’activité post covid se passe au mieux, les employeurs n’hésitent pas à arguer notamment du coût de l’inflation sur les matières premières pour ne pas revaloriser les salaires.

Les travailleurs ne sont plus prêts à travailler à n’importe quel prix, et ils ont raison, réagit Thierry Boukarabila. On a tendance à oublier que ce travail implique non seulement des compétences, mais aussi des journées avec des coupures et des horaires parfois complexes, notamment s’effectuant tard le soir ou encore les week-end et jours fériés. Les tâches impliquent aussi des efforts intenses. De fait, il est normal que les salariés fassent l’objet d’une reconnaissance au niveau salarial !.

Si les employeurs font quelques efforts concernant certains emplois, notamment pour ceux aux qualifications très spécifiques, comme dans la cuisine ou l’animation, pour le reste des emplois, on navigue à vue, déplore Laurence Gilbert. Et l’État, s’il se dit conscient des difficultés, renvoie toutefois la balle aux branches lesquelles restent immobiles.

L’effet dévastateur des réformes

Pour FO, l’idéal serait d’établir des négociations communes, donc quel que soit le secteur, pour les salaires des saisonniers. On nous répond que c’est incompatible avec les diverses branches, précise Thierry Boukarabila. Dès lors, la FGTA-FO compte sur la reprise du groupe de travail dédié, à partir du 12 juillet. Nous avons beaucoup de revendications dans ce cadre-là, en premier lieu la création d’un statut de travailleur saisonnier, indique le militant. Cela permettrait une certaine protection pour ces salariés. On parle quand même des seuls CDD qui sont exclus de la prime de précarité ! En réponse à la question d’un député sur l’opportunité de la création d’un tel statut, la secrétaire d’État Sarah El Haïry a évoqué l’enjeu de l’accompagnement de ces salariés. On refuse encore et toujours de voir le fond du problème, tempête Laurence Gilbert.

Cette crise de l’attractivité du secteur a également été aggravée par de récentes réformes. A commencer par celle de l’assurance chômage. En effet, la réforme impose désormais six mois de cotisation, contre quatre auparavant pour pouvoir ouvrir des droits à l’allocation chômage. De plus, alors qu’avant la réforme, seules les périodes travaillées durant les six derniers mois étaient comptabilisées, désormais les périodes d’inactivité sont prises en compte pour établir une moyenne sur dix mois. Enfin, les droits sont ouverts pour dix mois, contre six par le passé. Autant de mesures qui pénalisent les saisonniers qui, contraints par la temporalité de leurs activités, voient leur allocation diminuer.

La réforme des retraites prévoit quant à elle que la retraite minimum concerne uniquement les personnes aux carrières complètes. Ce qui, dès lors, exclut les saisonniers, lesquels par la nature même de leurs emplois ont des périodes d’inactivité entre leurs contrats.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération