Douanes : grève ce 24 mars pour les emplois et les missions

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Quatre syndicats des douanes dont le SND-FO appellent à une grève et à des manifestations depuis ce matin, jeudi 24 mars. Les fonctionnaires fustigent les pertes d’effectifs et un plan stratégique qui va amoindrir le maillage des implantations territoriales douanières.

Depuis ce jeudi matin, 24 mars, les douaniers sont en grève et organisent des manifestations et/ou des distributions de tracts dans différentes villes à l’initiative de quatre syndicats (FO, CGT, Unsa, Solidaires). De son côté, la CFDT a levé son préavis de grève au lendemain des attentats de Bruxelles.

Parmi les actions de protestation des douaniers sur le territoire, à Agen où des personnels des directions de Montpellier et de Bordeaux se sont rendus, les agents des douanes qui redoutent de nombreuses fermetures de sites étaient plus de 200 à manifester ce matin. Leurs syndicats dont FO seront reçus ce soir par le préfet. A Marseille où les fonctionnaires fustigent la perte de près de 1% des effectifs depuis 2011 alors que le nombre de missions douanières augmentent, les personnels ont distribué des tracts à la sortie du Métro. A Evreux, les douaniers en grève se sont joints au cortège des manifestants qui défilaient ce jour contre le projet de loi Travail.

A Lille ou encore à Paris les douaniers en grève ont annoncé qu’ils reportaient les manifestations, privilégiant leur participation à la journée d’actions du 31 mars.

Les fonctionnaires des douanes -16 473 agents selon les effectifs budgétaires inscrits en 2016- protestent contre les pertes d’emplois (6 000 en vingt ans) et contestent la réalité des créations d’emplois annoncées par le gouvernement après les attentats à Paris en novembre 2015.

Des créations d’emplois tronquées

La création annoncée de 1 000 emplois d’ici 2017 consiste en fait en 500 emplois environ puisque la suppression annuelle de 250 postes programmée sur 2016 et 2017, soit 500 au total, a été maintenue s’insurgent les syndicats.

Par cette journée de protestations les agents fustigent aussi les modalités du « plan stratégique » (PSD) en 27 mesures qui devrait être appliqué aux douanes d’ici 2018.

Concentrations et inter-régions

A travers des fusions de services et de brigades, ce plan qui privilégie des implantations à l’échelon régional, voire interrégional met en péril les postes et la présence douanière sur le territoire.

« Aujourd’hui pour pallier le manque d’effectifs, nous assistons au regroupement d’unités alors même que celles-ci peuvent être très éloignées les unes des autres » s’indigne FO. « Force est de constater la création de zones sans présence douanière sur des axes de frontières très sensibles ».

Les fonctionnaires qui demandent « de vrais moyens » notamment en effectifs pour pouvoir exercer leurs missions refusent que « les services des opérations commerciales perdent des effectifs au travers d’une centralisation de services tant sur la partie dédouanement que sur le domaine fiscal ».

Des services sous une épée de Damoclès

Actuellement, 46,8% des douaniers sont affectés à des services de surveillance et 53.2% travaillent dans les services d’opérations commerciales.

Or l’ensemble de ces fonctionnaires s’inquiètent d’une perte de qualité dans la réalisation des missions, notamment fiscales, de la douane, laquelle a recouvré 70,3 milliards de droits et taxes en 2015 (69Mds en 2014).

A titre d’exemples, s’irritent ainsi les syndicats, en région Aquitaine et Midi Pyrénées « les bureaux de Tarbes et Périgueux sont condamnés à la fermeture et celui d’Arcachon vit sous l’épée de Damoclès de la concentration du DAFN (le service des droits de francisation et de navigation des navires) »

Et d’ajouter que le bureau de Portet est « voué à la rétrogradation de ses missions de dédouanement au profit de Blagnac ». Montauban et Cahors perdent des emplois et rejoindront bientôt Auch, Rodez et Foix en assistance respiratoire ».

Les bureaux de Mont-de-Marsan et Pau « sont sans cesse dépouillés de leurs missions », le bureau de Bayonne « est mis sous oxygène par l’activité Produits pétroliers pour tenter de pallier la perte de la mission dédouanement »…

Cette liste des nombreuses suppressions à venir dans la région n’est hélas pas exhaustive et plus largement de nombreuses implantations douanières du territoire national sont mises sur la sellette par ce PSD 2018.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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