En Isère, avec FO, la lutte des salariés de Conforama face à un PSE

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Les salariés du site logistique de Saint-Georges-d’Espéranche dans le nord de l’Isère sont dans la tourmente depuis l’annonce le 19 janvier de sa fermeture en juillet prochain. Alors que près de quatre-vingts personnes perdraient leur emploi, et FO lutte entre autres pour des conditions de départs dignes et que les salariés partent la tête haute. Après une première grève de trois jours à la mi-janvier, la mobilisation a repris. Par une grève le 29 janvier puis le 1er février. A cette date, les salariés en étaient à leur 5e journée de grève

Face au choc, il nous fallait répliquer, souffle Salim Radjah, délégué syndical FO à Conforama dans l’Isère. Depuis la mauvaise surprise de l’annonce de la fermeture du site logistique de Saint-Georges-d’Espéranche dans le nord du département, les salariés (150 personnes dont plus d’une centaine de salariés en CDI) sont mobilisés, en nombre et en force. On a fait trois jours de grève non-stop, du 17 au 19 janvier, parfois sous -8°, raconte le DSC FO de Conforama Jacques Mossé-Biaggini. Et depuis, la grève a repris. Le 29 janvier puis le 1er février, à l’appel notamment de FO. La nouvelle de la fermeture, annoncée lors d’un CSE extraordinaire le 10 janvier, a eu l’effet d’un coup de massue. Et pour cause : selon le PSE annoncé 78 personnes sur les 100 salariés que compte le site vont perdre leur emploi.

On se sent trahis, dénigrés, méprisés

Dès le premier jour de grève, le 17 janvier, la mobilisation des salariés contre la fermeture du site a été massive avec près de 95 % grévistes sur la plateforme logistique. C’était une mobilisation spontanée, alors qu’un CSEC devait se tenir le jour même. La grève a duré trois jours, relate Manuel Aires, représentant la FEC-FO au CSEC de Conforama France. Et depuis la grève a repris. On se sent trahis, dénigrés, méprisés, martèle Salim Radjah. Pour les collègues qui ont trente-neuf ans d’ancienneté, c’est un désastre. On les ramasse à la petite cuillère, en pleurs. FO demande pour ces travailleurs un vrai accompagnement humain et social : ils ont fait des métiers très physiques. Qui voudra employer ces personnes qui sont âgées et abîmées ?

Particulièrement mobilisés, ces salariés veulent partir la tête haute et se battront pour partir la tête haute, souligne Manuel Aires. Aucun ne souhaite rester à Conforama, ils sont trop blessés et désabusés, appuie Jacques Mossé-Biaggini.

À qui le tour ?

Le 22 janvier, s’est tenue une première réunion du CSE logistique. La direction nous a présenté ses arguments relatifs à la fermeture du site logistique, mais les chiffres avancés nous semblent peu convaincants, indique Salim Radjah. Nous avons pu démonter tous ses arguments car cette fermeture, c’est avant tout pour économiser de l’argent, pas une nécessité économique.

Conforama – racheté en 2020 par le groupe Mobilux, par ailleurs propriétaire de But – cherche à mutualiser les moyens, au détriment des emplois, dénoncent les militants FO. La fermeture du dépôt de Saint-Georges-d’Espéranche, prévue en juillet 2024, se justifierait, explique ainsi la direction, par une réorganisation des flux logistiques et d’une mutualisation de deux plateformes But et Conforama, distantes de 25 kilomètres.

Pour FO, les salariés de Conforama subissent ce rachat [par Mobilux, Ndlr] et les choix qui favorisent But. Conforama perdrait ainsi sa seule plateforme logistique propre, souligne David Malézieu, secrétaire adjoint de la section fédérale du Commerce & VRP. Les salariés s’interrogent : c’est à qui le tour ? Quel sera le prochain service qui disparaîtra par la mutualisation des moyens entre les deux enseignes ? Nous avons de très fortes inquiétudes concernant le service après-vente.

Tout est fait pour satisfaire la voracité des actionnaires

Alors que FO a demandé un accord de méthode dans le cadre de la négociation du PSE, pour gagner du temps, précise Jacques Mossé-Biaggini, jusque-là, la direction s’est bornée à proposer aux personnels licenciés le strict minimum quant aux indemnités de départ, soit un quart de salaire mensuel par année d’ancienneté, nous allons nous battre pour que tous obtiennent plus et puissent partir avec dignité, martèle Salim Radjah. Force Ouvrière, pesant 34 % des suffrages dans l’enseigne, vise plutôt trois mois par année d’ancienneté. L’idée est de ne pas aller plus bas que pour le PSE de 2019, précisent les délégués syndicaux.

L’annonce de ce PSE à Saint-Georges-d’Espéranche arrive quelques mois après le départ de l’enseigne du dernier salarié impacté par le précédent PSE à l’échelon national chez Conforama. Plan social, qui a fortement impacté l’enseigne. En 2019 en effet, la direction avait acté la suppression de 1 900 emplois et la fermeture de 32 magasins. Tout est fait pour satisfaire la voracité des actionnaires. Et ceux qui en pâtissent, qui sont pressurisés pour ensuite être jetés, ce sont les employés, fulmine Jacques Mossé-Biaggini.

FO se bat actuellement pour des conditions de départ dignes pour les salariés même si, on le sait, le combat va être long, souffle Manuel Aires. Salim Radjah appuie évoquant la construction d’un véritable rapport de force. Nous les soutiendrons évidemment !, souligne David Malézieu pour la FEC-FO. On entre dans une période de marathon, analyse Salim Radjah.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération