Les Français seraient-ils de plus en plus tolérants ? Oui et non. Le niveau de racisme reste préoccupant, indique la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Mais il semble se stabiliser.
Chaque année, dans le cadre de son rapport sur le racisme, la commission commande un sondage sur l’état de l’opinion en France. Elle a enregistré entre 2013 et 2016 une évolution vers plus de tolérance. Mais cette progression semble marquer le pas en 2017. Il faudra donc attendre les résultats de l’enquête 2018 pour savoir s’il s’agit d’une simple pause ou des prémices d’une nouvelle période de crispations.
Une constante de long terme cependant : la quasi-disparition du racisme biologique. Seules 9 % des personnes interrogées estiment qu’il y a des races supérieures à d’autres
. Cette forme de racisme a été supplantée par un racisme culturel qui consiste à dire que les étrangers, par leur origine, leur religion, leur culture ou leur apparence, sont trop différents. Cette reformulation des discours racistes vers des formes plus « acceptables » en démocratie est une des grandes préoccupations de la CNCDH.
Pas de sanctions sans prévention
En première ligne des préjugés racistes : les Roms, qui restent la minorité la plus stigmatisée. Puis viennent les musulmans, puis les Maghrébins, puis les populations d’Afrique subsaharienne et les asiatiques. Quant à l’antisémitisme, bien que minoritaire il touche encore une proportion non négligeable de la population. La commission réaffirme le caractère universel de la lutte contre le racisme, sans établir de hiérarchie entre les types de préjugés.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’année 2015, et ce malgré les attentats, coïncide avec la fin de la montée des crispations identitaires relevées entre 2009 et 2014. Des crispations impliquant un rejet croissant des minorités ethniques ou religieuses. Après 2015, la tolérance et l’ouverture à l’autre ont repris de la vigueur. D’une manière générale les Français désapprouvent les comportements discriminatoires. Ils considèrent qu’insultes racistes, antisémites, homophobes ou sexistes doivent être condamnées.
Parmi les messages que la commission adresse aux pouvoirs publics, le volet répressif de l’action publique, qui cible surtout les passages à l’acte les plus graves signalés, doit s’accompagner d’un effort constant de prévention et de déconstruction des préjugés. D’autant que la police et la gendarmerie n’enregistrent que l’écume, la très grande majorité des victimes ne se tournant pas vers la justice. Le taux de plainte est estimé à 3 % pour les injures racistes, à 17 % pour les menaces et à 30 % pour les violences à caractère raciste. D’où l’importance pour la CNCDH de gagner la bataille des idées et d’agir sur les multiples manifestations du racisme qui échappent aux radars de la justice.
En 2017, près de 8 700 plaintes
en raison de la race, de l’origine, de l’ethnie ou de la religionont été enregistrées par la police et la gendarmerie. Une tendance à la baisse depuis 2015, même si des pics d’actes racistes ont été enregistrés dans les semaines suivant les attentats de janvier et de novembre 2015. Si le nombre de menaces, qui représentent près de 75 % des actes comptabilisés, est en baisse, les actions enregistrent quant à elles une hausse de 11 %
traduisant, selon la CNCDH, une progression inquiétante de la violence raciste.