Festival de la BD d’Angoulême : un prix nommé Charlie

Bande dessinée par Michel Pourcelot

A Angoulême, la liberté a désormais un prix, il s’appelle Charlie. Ce 42e Festival de la Bande dessinée, organisé du 29 janvier au 1er février, s’est dédié à Charlie Hebdo trois semaines après l’attentat meurtrier contre la rédaction du journal satirique. Une édition sur laquelle l’encre rouge a été jetée.

Couleur tragique à Angoulême. Même si le noir du deuil est de mise, le dessin satirique lève toujours haut les couleurs. Celles de la liberté d’expression. L’une des capitales mondiales du dessin, Angoulême ne pouvait que marquer haut et fort son attachement à cette valeur après l’assassinat de plusieurs dessinateurs. Le « Prix Charlie de la liberté d’expression » a ainsi été créé cette année pour honorer ceux dont "l’œuvre incarne la résistance de la pensée face aux idées reçues ou à l’oppression". Et décerné aux dessinateurs de Charlie Hebdo, lauréat d’un « grand prix spécial ». D’ailleurs, « La BD est Charlie ». C’est du moins le titre d’un album-hommage, présenté en avant-première au festival et devant sortir le 5 février. Il est vendu 10 euros au profit des familles des victimes de l’attaque du 7 janvier. En outre, une grande exposition a été dédiée au journal satirique, de ses débuts jusqu’au "numéro des survivants". Le tout nécessitant des mesures de sécurité exceptionnelles.

Bouleversé, le festival n’en a pas moins gardé son affiche dessinée par Bill Watterson, le créateur de Calvin et Hobbes, objet du grand hommage de cette édition 2015. Comme à l’habitude, rétrospectives et grandes expositions sont au programme, dont celles sur Jirô Taniguchi, « l’auteur japonais le plus apprécié des lecteurs européens », et Jack Kirby, accoucheur de super-héros tels que Hulk, Les Quatre Fantastiques ou Les X-Men. Ironie des agendas, la Chine, qui s’éveille difficilement à la liberté d’expression, est l’invitée d’honneur de cette année avec tout un vaste pavillon exclusivement consacré à ses représentants du neuvième art. Un autre espace, « Little Asia » témoigne de la croissance de ce pays, mais aussi et plus généralement de l’Asie, sur le marché de la BD. Car Angoulême n’est pas qu’une manifestation artistique : d’importants intérêts économiques s’y pressent. L’occasion pour des auteurs de montrer que tout n’est pas rose dans cet univers : une grève des dédicaces et une marche à travers la ville ont été organisées samedi 31 janvier pour protester contre la précarisation de la profession.

42e Festival international de la Bande dessinée, à Angoulême, du 29 janvier-1 er février 2015
Tarifs : de 11 à 35 euros.
Renseignements complémentaires sur le Net :
http://www.bdangouleme.com
htts ://www.facebook.com/festivalBDangouleme

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante