François Pozzo di Borgo, nouveau secrétaire général du SNFOLC : nous avons une grande responsabilité envers les personnels

Portrait par Valérie Forgeront, L’inFO militante

François Pozzo di Borgo, par ailleurs secrétaire de l’UD de l’Aisne, est le nouveau secrétaire général du syndicat FO des lycées et collèges, élu le 8 juin à Angers tandis que se tenait dans les mêmes lieux, du 5 au 9 juin, le congrès de la fédération à laquelle le syndicat est affilié, la Fnec FP-FO.

Son emploi du temps sera encore plus chargé, et il l’aborde avec une feuille de route bien remplie face à un gouvernement en guerre contre l’école publique souligne François Pozzo di Borgo, élu le 8 juin à Angers, secrétaire général du syndicat FO des lycées et collèges, le SNFOLC, remplaçant ainsi à ce mandat Edith Bouratchik. Syndicat de la fédération Fnec FP-FO réunie en congrès du 5 au 9 juin à Angers, le SNFOLC tenait son propre congrès les 7 et 8 juin. Le syndicat est en très bon état de marche s’enthousiasme François Pozzo di Borgo, 53 ans, marié, père de deux enfants, et prof certifié d’histoire-géo depuis 1995. Actuellement secrétaire général de l’UD de l’Aisne, depuis 2019, le militant va préparer la transition pour ce mandat avec les instances de l’UD.

Signe de dynamisme du SNFOLC, celui-ci compte plus de 10 000 cartes depuis une petite poignée d’années. Plus largement, à l’Education nationale, FO est la première organisation confédérée du secteur et la Fnec FP-FO est, en termes de représentativité, la 2e organisation au sein des commissions paritaires nationales. Mais pas question de s’arrêter en si bon chemin. FO a vocation à être la première organisation, appuie François, ravi de l’arrivée massive de jeunes syndiqués. Ce qui les fait venir, c’est la justesse, la clarté de nos revendications. Qu’il a d’ailleurs participé à forger, adhérent FO depuis 1999.

La découverte de l’existence du statut...

Car celui qui a fréquenté quatre établissements scolaires de l’Aisne depuis le début de sa carrière a rejoint FO avec le ferme objectif de contrer les attaques visant l’école de la République. A l’époque, Claude Allègre, ministre de l’Education nationale voulant dégraisser le mammouth, annonçait des suppressions de postes et calomniait les profs !. Pour François, c’en est trop. Il se rend à une réunion syndicale FO. J’y ai appris plein de choses et découvert l’existence du statut ! se remémore-t-il avec humour.

Le jeune prof s’investit rapidement dans le SNFOLC et dès 2009, y ajoute l’échelon interprofessionnel. Les questions relatives à l’école sont liées aux problématiques que connaît l’interpro : baisse du coût du travail, atteintes aux conventions collectives… A l’Education nationale, on disqualifie les élèves -au plan des matières enseignées, des diplômes, …- et on disqualifie les personnels (sur leurs missions, leurs statuts, …). Ainsi, s’indigne François, les jeunes profs arrivent dans leurs postes dans des conditions tellement dégradées et avec des salaires à 1,2 Smic. Et en zones de remplacement, ils peuvent être à cheval sur deux ou trois établissements.

Beaucoup de jeunes démissionnent ou ont recours à la rupture conventionnelle déplore le militant pestant contre des dégradations découlant de réformes en cascade (décret Peillon-Hamon de 2014 posant des « missions liées » à l’enseignement, réforme du lycée, réforme du collège, réforme du bac…). Au final, la charge de travail des enseignants augmente, avec des missions supplémentaires. Quant aux salaires, à la demande sur le pouvoir d’achat, le gouvernement n’y répond que par des primes. Les profs se sentent dévalorisés. Et pour beaucoup, il y a une perte de sens de la mission.

Grève en cours et conférence nationale à la rentrée

Le « Pacte » enseignant proposé par le gouvernement et qui conditionne une part de la rémunération à la réalisation de tâches supplémentaires, est une ligne directrice dans les mesures de liquidation de l’école publique analyse François. Et ce Pacte a conduit à une levée de boucliers au sein du SNFOLC qui, demandant son retrait, a quitté les négociations avec le ministère et a participé le 31 mai en intersyndicale à des rassemblements en France.

Ce Pacte est une réforme articulant la baisse des conditions de travail, il ouvre une brèche en introduisant des tâches loin de l’enseignement, il transforme les enseignants en personnels à tout faire tandis qu’est visée encore la contractualisation de l’emploi, déjà plus qu’amorcée dans la Fonction publique, dont dans l’Education. Ainsi 2000 postes de titulaires seront supprimés à la rentrée dans les premier et second degrés, dont 500 postes ETP dans les lycées et collèges. La mission d’enseignement et d’instruction n’est pas à l’ordre du jour. A titre d’exemple, la technologie en tant que matière d’enseignement disparaîtra de la classe de 6e à la rentrée fustige le militant, dénonçant par ailleurs une autre réforme, celle du SNU (le service national universel) conduisant à un embrigadement des élèves.

Initiative du SNFOLC : à la rentrée prochaine, le syndicat tiendra une conférence nationale pour la défense des disciplines d’enseignement indique François Pozzo di Borgo. Une rencontre sur le mode de ce qui avait été organisé par le syndicat sur la défense du Baccalauréat et qui pourrait compter la présence d’associations et d’autres organisations. Et concernant le Bac justement, déjà soumis à réforme et dont les épreuves écrites se déroulent actuellement, le SNFOLC a annoncé le dépôt d’un préavis de grève des enseignants qui couvrira la période de mi-juin à début de juillet. Toutes ces réformes contre lesquelles nous luttons, cela nous donne une grande responsabilité envers les personnels. On n’a pas l’intention de laisser faire le gouvernement !

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération