HCR : FO signe deux accords sur les salaires pour relancer le dialogue social

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Face à la paralysie du dialogue social dans la branche de l’hôtellerie-restauration, la FGTA-FO a décidé de signer deux accords salariaux, même s’ils sont insatisfaisants. Elle a obtenu une clause de revoyure, le rendez-vous devant se tenir au dernier trimestre 2023.

Cette grille salariale n’est pas suffisante, mais il faut faire un geste pour sortir du blocage du dialogue social, commente Nabil Azzouz, négociateur FGTA-FO pour les hôtels-cafés-restaurants, également trésorier général de la fédération. Pour sortir la branche des HCR de la paralysie, dans laquelle l’ont plongée depuis l’été 2022 les dissensions intra-patronales sur la mutuelle Frais de santé, la FGTA-FO s’est résolue a ratifié – avec une autre organisation syndicale - la grille de salaires conventionnels, laquelle était une proposition enfin commune des organisations patronales après des mois de tergiversations.

Les quatre premiers échelons rattrapés par le Smic

Le sujet était sur la table depuis décembre. Il y a urgence à agir : depuis l’entrée en application de la précédente grille en avril 2022, les quatre premiers minima, qui concernent l’essentiel du million de salariés du secteur, ont été rattrapés par le Smic. Autrement dit, tous les salariés concernés sont payés au salaire minimum légal, sans reconnaissance de leurs compétences propres, alors que le niveau de rémunération est l’une des premières explications du déficit d’attractivité des métiers de l’hôtellerie-restauration, tempête Thierry Boukarabila, négociateur FO, également délégué syndical central de Courtepaille.

Dans ce secteur confronté depuis la pandémie à des difficultés structurelles grandissantes de recrutement, Pôle emploi estimait au printemps, dans son enquête annuelle, à 298 620 le nombre total de postes à pourvoir (saisonniers compris). Les chiffres donnent le tournis. En avril, étaient ainsi vacants 122 180 postes de serveurs, 109 920 d’aides ou d’apprentis de cuisine et d’employés polyvalents, 66 520 de cuisiniers... A ce jour, alors que la saison a commencé, plus de 77 000 postes seraient toujours à prendre.

Clause de revoyure au dernier trimestre 2023

Si nécessité a fait loi, Thierry Boukarabila ne cache pas sa colère face à la revalorisation minime concédée par la partie patronale dans cet avenant n°31 à la convention collective. Elle va porter juste au-dessus du taux horaire brut du Smic les trois échelons du niveau I et l’échelon 1 du niveau II (respectivement à + 0,20 euros, +0,28 euros, + 0,38 euros, + 0,48 euros). Elle ne compensera pas l’inflation sur un an (établie à 4,5% fin juin par l’Insee), encore moins l’inflation alimentaire (estimée en juin à 15,4% sur un an) qui frappe durement les premiers niveaux de salaire. Conséquence prévisible, ces premiers minima conventionnels devraient rebasculer sous le niveau du Smic, lors de sa prochaine revalorisation.

Mais la FGTA-FO n’a pas dit son dernier mot. Elle a obtenu une clause de revoyure salariale, qui doit se concrétiser par une rencontre au dernier trimestre 2023.

Dans le même esprit constructif, la fédération FO a signé un second accord, qui prévoit un changement automatique d’échelon (des échelons 1 à 2 du niveau I) pour les salariés ayant un an d’ancienneté sans interruption dans une même entreprise (contre trois ans précédemment). Ce gain d’échelon – qui doit bénéficier également aux travailleurs saisonniers – se traduira par une hausse du taux horaire brut de 0,80 euros.

Des « avancées concrètes » attendues sur la qualité de vie au travail

Désormais, la FGTA-FO attend le retour rapide des organisations patronales à la table des négociations, et des avancées concrètes dans les quatre groupes de travail qui ont été créés à l’automne 2022 et suspendus quasiment dans la foulée, dès le mois de novembre. Dont celui sur la qualité de vie au travail et les conditions de travail, où des sujets aussi essentiels que la compensation de la coupure et l’organisation du repos hebdomadaire sont sur la table.

Un calendrier de rencontres est attendu à la rentrée.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération