Le bon, le bio et le low cost

Consommation par Michel Pourcelot

Des cocktails de pesticides et de perturbateurs endocriniens au petit-déjeuner grâce à un bol de muesli non-bio... C’est du moins le résultat de l’enquête choc d’une association environnementale publiée le 11 octobre dernier. Si les doses ne sont pas si élevées en soi, leur combinaison peut constituer un cocktail aux conséquences peu connues puisque les études ne sont que parcellaires, ne serait-ce que du fait du nombre extrêmement élevé de molécules. L’association en question s’était déjà fait remarquer pour une étude alarmiste similaire concernant des salades. Cette fois-ci, son enquête sur les mueslis (ou apparentés), que quelque 46% des Français consommerait au petit-déjeuner, a révélé que sur les 20 boites achetées au hasard dans des grandes surfaces, seuls les 5 boîtes bios étaient exemptes de résidus.

L’éthique tirée vers le bas

Répondant à un besoin du consommateur de s’alimenter sainement, le bio est devenu un marché en pleine expansion. Qui devrait atteindre pas loin de 7 milliards d’euros à la fin 2016 et affiche une croissance de quelque 20%, selon l’Agence Bio. Certes, le bio est plus cher, du moins à court terme, et en ces temps d’austérité, il n’est pas encore un produit de consommation courante pour les revenus modestes. Ce qui ne veut pas dire qu’il intéresse seulement une élite : le profil du consommateur est une femme quadra et urbaine mais ses revenus n’excèdent pas 40 000 euros annuels. L’an dernier, six Français sur 10 affirmaient même avoir consommé du bio au moins une fois par mois. Pour occuper un tel créneau, la grande distribution s’est lancée dans le bio low cost avec tout le poids qu’on lui connait. En dix ans, elle a capté la moitié du marché actuel. Non sans dérives comme l’a pointé un récent reportage intitulé « La face cachée du bio low cost » diffusé ce 23 octobre sur France 5. L’abaissement des prix bénéficient notamment aux grands producteurs bios espagnols, dont bon nombre n’ont guère pour priorité l’empreinte carbone et les conditions de travail de leurs employés. Ainsi des tomates bios sont disponibles à Noël. Même en délicatesse avec l’esprit bio, ces produits sont bios s’ils portent les labels AB (agriculture biologique), créé en France en 1985, et l’Eurofeuille, le logo européen « agriculture biologique », datant de 2010, certifiant qu’ils contiennent 100% d’ingrédients issus du mode de production biologique ou au moins 95% de produits agricoles biologiques dans le cas des produits transformés. Reste que l’éthique bio a du mal à croître en régime d’austérité.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante