T rès lourdement endetté, à hauteur de 6,4 milliards d’euros, le groupe Casino va céder 119 magasins à Intermarché. La liste a été dévoilée le 12 juin en CSEC extraordinaire. Il s’agit de magasins de toutes tailles, essentiellement des supermarchés, répartis dans toute la France, et qui emploient au total près de 4 000 salariés
, explique Nathalie Devienne, secrétaire générale du SNTA-FO, syndicat majoritaire chez Casino. La vente se fera en deux temps, avec 57 magasins cédés dès 2023 et 62 d’ici 2026.
Les salariés concernés perdront le bénéfice des accords négociés au sein du groupe intégré Casino, tandis qu’Intermarché regroupe des commerçants indépendants. Le syndicat FO veillera à ce que les droits des employés soient respectés tout au long de la transition et exigera des garanties en matière d’emplois, de conditions de travail et de salaire.
Les syndicats ont nommé un cabinet d’expertise pour préparer les travaux en vue de la cession. Ils réfléchissent aussi à lancer un éventuel droit d’alerte. Le SNTA-FO et la fédération FGTA-FO ont par ailleurs obtenu un rendez-vous au ministère de l’Économie pour évoquer le dossier.
Des conditions de travail très dégradées
La perte de droits collectifs menace aussi une partie des salariés d’Auchan. La direction a annoncé le 31 mai en CSEC la mise en vente de sept supermarchés déficitaires et comptant 273 employés. Le groupe souhaite également développer la mise en franchise de supermarchés jusqu’à présent intégrés. Autrement dit, l’enseigne restera en place, mais les magasins passeront aux mains d’un directeur indépendant. Sur les 240 supermarchés intégrés, la direction a déclaré qu’étaient éligibles tous ceux pour lesquels le passage en franchise permettrait un gain à Auchan,
Au bout de quinze mois, les salariés des magasins franchisés ne seront plus couverts par les accords du groupe Auchan. Ils perdront la participation et l’intéressement et risqueront de revenir aux seules dispositions de la convention collective.
Franck Martinaud déplore également le manque de stratégie et d’investissements de la part d’une enseigne qui perd des parts de marché. On ne sait pas où on va, il y a des sous-effectifs en permanence, le turn-over est important, et avec la baisse de résultats on continue de réduire le personnel
, s’inquiète-t-il.
Chez Carrefour, où le modèle de la location-gérance est déjà largement développé, un millier d’emplois vont être supprimés aux sièges.
La négociation sur l’accord de méthode a démarré le 7 juin. Ce plan devrait prendre la forme de ruptures conventionnelles collectives sur la base du volontariat. Les fonctions support de toutes les sociétés du groupe Carrefour sont concernées. Ce sera la troisième restructuration dans les sièges depuis 2018, 4 000 postes ont déjà été supprimés, nous sommes plus qu’à la corde, avec des conditions de travail très dégradées
, alerte Cyril Boulay, délégué de groupe FO chez Carrefour.
Ces nouvelles économies ne visent pas, comme par le passé, à désendetter le groupe mais à investir massivement dans les données numériques, pour s’adapter aux nouvelles formes de consommation. Aujourd’hui on ne rachète plus des surfaces de vente mais des fichiers clients, on licencie dans les sièges mais on embauche à outrance des data scientists, poursuit le militant. Ces changements auront un impact sur nos métiers. Charge au paritarisme de négocier un accord GEPP ambitieux.