Piaf : la Môme à 100 ans

Expo à la BNF par Michel Pourcelot

De chanteuse de rues à vedette planétaire, Édith Piaf est devenue pour le monde entier l’incarnation de la chanson réaliste française. Pour le 100e anniversaire de sa naissance, une grande exposition à la BnF Mitterrand, à Paris, lui rend hommage jusqu’au 23 août.

Après Fréhel et la Môme Moineau vint la... Môme Piaf. Toutes issues du sous-prolétariat, elles auront des destins différents mais ne dépasseront pas le cap de la 60e année. Cette année, Piaf aurait pu fêter ses 100 ans si elle avait eu la vie de Jeanne Calment. Née le 19 décembre 1915, non pas dans la rue, sur les trois marches du 72 de la rue de Belleville, comme l’indique une plaque, mais plus prosaïquement à l’hôpital Tenon dans le XXe, Édith Giovanna Gassion, dite Piaf, est le sujet jusqu’au 23 août d’une grande exposition à la BnF Mitterrand, en partenariat avec les Francofolies de la Rochelle (10-14 juillet).

Au total, sont présentés des centaines de documents, dont certains totalement inédits, qui vont de la célèbre petite robe noire aux disques en passant par disques, affiches, photographies, lettres, enregistrements sonores, extraits de films, magazines et autres objets souvenirs. Parmi les scénographies proposées, l’une est hors-les-murs puisqu’elle propose un parcours de quatre heures dans Paris au fil de sa vie. Depuis les quartiers populaires de sa jeunesse dans le Nord-Est jusqu’au XVIe, « où amour et succès s’entremêlent », pour finir en 1963, à 47 ans, vieillie prématurément par drogue et alcool, au Père-Lachaise. Non loin de Belleville. Bouclant la boucle. Pigalle, où, pas encore Piaf, elle contracta de louches relations, n’y figure pas. C’est là que sa mère, ex-chanteuse de cabaret, sera découverte, dans la rue, morte d’une overdose en 1945. Son père, un temps contorsionniste, était décédé un an auparavant. Il aura été beaucoup dit sur eux, l’enfance de Piaf, la misère dans les quartiers populaires dans l’Entre-deux-guerres. Beaucoup de faux aussi. L’exposition souligne bien le rôle joué par les médias de l’époque. Piaf, qui inventait beaucoup elle-même, et son entourage ont largement apporté leur contribution à l’édification du mythe. Mais apparemment, Piaf n’a rien regretté. Rien de rien. Du moins, c’est ce qu’elle chantait.

Piaf, jusqu’au 23 août 2015
Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Galerie 2
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Tarifs de 7 à 9 €. Fermé le lundi.


 

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante