Police nationale : une réforme décriée dans sa forme et sa méthode

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Rassemblement contre la reforme de la police judiciaire, a Rennes le 17 octobre 2022. © Jean Claude MOSCHETTI/REA

Placer à l’échelon départemental tous les secteurs de la police sous la coupe d’un unique directeur constituerait un danger pour les missions et les compétences spécifiques des services, dont celles de la police judiciaire, pointe Unité SGP Police-FO.

La réforme de la police nationale ? Attention danger, souligne en substance Grégory Joron, secrétaire général d’Unité SGP Police-FO. Le syndicat FO, majoritaire dans le secteur, n’approuve pas cette restructuration que le ministère de l’Intérieur voudrait mettre en œuvre dès le deuxième semestre 2023. Ces dernières semaines, des rassemblements dans des dizaines de villes, entre autres le 17 octobre, ont illustré le mécontentement des policiers. Avocats et magistrats y ont aussi participé, à l’instar d’Unité Magistrats SNM-FO. La réforme consisterait à regrouper les services en filières (investigation, renseignement, police aux frontières, sécurité publique) et à les placer au niveau départemental sous l’autorité du seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), relevant lui du préfet. Le DDPN serait donc tout-puissant, chargé de tous les moyens RH et budgétaires, s’inquiète Grégory Joron. Son travail étant évalué à l’échelle de son territoire, il risque de vouloir concentrer ses moyens sur son département et privilégier des sujets dans l’actualité, au risque de laisser tomber des affaires....

Au risque d’esquinter le savoir-faire de la PJ

La police judiciaire (PJ, plus de 5 500 agents), dont le ressort territorial (une zone de compétence) est plus large, est particulièrement inquiète, elle qui mène des enquêtes spécialisées, de longue haleine et souvent de portée nationale. Ses personnels craignent d’être noyés dans la filière investigation et qu’une polyvalence leur soit demandée par cette réforme, qui plus est à effectifs constants et prônant la mutualisation des moyens. Il y a clairement un risque d’esquinter le savoir-faire de la PJ, indique Grégory Joron, rappelant par ailleurs que, côté sûreté publique, le secteur investigation croule lui-même sous le travail. Dans les commissariats, les collègues suivent 500 à 800 dossiers chacun, indique le militant pour qui le vrai sujet concernant la police est celui de la gestion budgétaire et de la gouvernance. Or, pointe Unité SGP Police-FO, cette réforme, contestée par les agents, veut jouer la précipitation, alors même que les résultats de deux audits/bilans (par l’IGPN et l’IGA), sur des expérimentations territoriales lancées il y a deux ans, ne seront connus qu’en décembre. S’inscrivant dans la défense de services de police disposant des moyens nécessaires, le syndicat FO travaille actuellement à construire un document qui sera présenté au ministère, indique Grégory Joron. Pour cela, nous allons créer des groupes de travail et s’adjoindre, entre autres, les compétences de membres de la PJ.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération