Portugal : l’économie refleurit, mais les travailleurs trinquent

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

Le 16 mars 2024 à Lisbonne. © CGTP-IN/Jorge Caria

Au Portugal, les manifestations se succèdent dans le public comme dans le privé.
Les salaires y demeurent parmi les plus bas d’Europe malgré une économie en redémarrage.

Une croissance à 2,3 % du PIB en 2023, un excédent budgétaire de 1,2 % du PIB et un taux de chômage de 6,6 %. Ces données de l’économie portugaise sont vantées en Europe. Mais il y a l’envers du décor, sombre, installé depuis la crise économique et sociale née en 2009 et encore plus présent depuis le plan d’austérité imposé par le FMI en 2011, lequel a lourdement impacté les travailleurs et ce pour de longues années. Résultat, si les investissements étrangers et les touristes sont aujourd’hui bien de retour dans le pays, les salaires, eux, flirtent avec les planchers les plus bas.

Le pouvoir d’achat en berne

Près du quart de la population touche le salaire minimum de 820 euros net (augmenté de 7,9 % en janvier dernier) sur quatorze mois. Les rémunérations des enseignants sont gelées depuis 2008. L’Institut national des statistiques recense 5 % des actifs cumulant deux voire trois emplois pour boucler leurs fins de mois.
D’après la CGTP-IN, la plus ancienne confédération syndicale, trois salariés sur quatre sont employés en contrats courts, avec un salaire moyen de 888 euros contre 1 078 euros pour les contrats durables. La confédération estime également la perte de pouvoir d’achat des ménages à 5,5 % depuis 2021.

Pas étonnant que les mobilisations se multiplient ces derniers mois. En octobre, les fonctionnaires ont observé 24 heures de grève, tous secteurs confondus. Les infirmières ont suivi en novembre et décembre. Les cheminots ont bloqué les gares en février.

Les soignants ont de nouveau observé un service minimum en mars. Même les journalistes (secteur privé) ont éteint leurs écrans durant 24 heures le 14 mars.

Le gouvernement avait prévu des augmentations entre 3 % et 6,8 % pour les personnels de la fonction publique dans son budget 2024. Insuffisant pour l’intersyndicale qui revendique actuellement 15 % d’augmentation pour tous et au minimum 150 euros. Des élections législatives anticipées ont conduit à la formation d’un nouveau gouvernement investi début avril. Reste à observer les décisions qu’il prendra.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération