« Pour l’égalité femmes-hommes, il faut encore se battre »

Interview d’Anne Baltazar, Secrétaire confédérale FO chargée de l’égalité professionnelle et du handicap par Clarisse Josselin

Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Quelques mois après l’affaire Weinstein et la libération de la parole, la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, prend une résonance particulière. Anne Baltazar, secrétaire confédérale FO chargée de l’égalité professionnelle, demande désormais des actes en faveur de l’égalité professionnelle.

0n assiste à une prise de parole des femmes sans précédent sur les violences subies, notamment au travail. Comment ce mouvement est-il ressenti au sein de Force Ouvrière ?

Anne Baltazar : Il se passe vraiment quelque chose, la parole remonte à tous les niveaux, mais il faut encore se battre et veiller à ce que cela ne se retourne pas contre les femmes. Le gouvernement fait de l’égalité femmes-hommes une grande cause nationale. Le 7 mars il organise une réunion multilatérale avec les interlocuteurs sociaux, ciblée sur l’égalité salariale et les violences faites aux femmes au travail. On le prend au mot. On attend des mesures ambitieuses, la garantie de moyens humains et financiers à hauteur de l’enjeu.

Quelles sont les revendications de FO en matière de lutte contre les violences ?

Anne Baltazar : Les femmes sont peu nombreuses à prendre la parole et souvent cela ne sert à rien. Nous voulons que les plaintes aboutissent. Nous demandons aussi un accompagnement et la protection des victimes. Si elles parlent, elles perdent leur emploi. Nous revendiquons toujours l’intégration des pathologies psychiques dans les tableaux des maladies professionnelles, y compris pour faire face aux conséquences des violences sexistes et sexuelles au travail. Nous devons sensibiliser et former nos militants sur ces questions. Nous incitons aussi les syndicats à inscrire la prévention des violences dans la négociation égalité.

Comment expliquer qu’un écart de salaire de 26 % persiste toujours entre les femmes et les hommes ?

Anne Baltazar : FO mène depuis des années un combat en faveur de l’égalité salariale. Les femmes sont plus souvent à temps partiel, leur carrière est interrompue par la maternité et les emplois à prédominance féminine sont dévalorisés. Il faut militer contre le recours aux emplois précaires, lutter contre les inégalités de carrière et promouvoir la mixité des métiers. Mais pour un même emploi, il existe un écart inexpliqué de 9 %, que la ministre du Travail s’est engagée à supprimer. Nous exigeons, comme en Islande, des sanctions pour les employeurs qui discriminent, avec une obligation de résultats. Nous voulons aussi que les pénalités payées par les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations en matière d’égalité soient reversées à un fonds dédié et non à la solidarité vieillesse.

Les hommes ont-ils un rôle à jouer dans ce combat ?

Anne Baltazar : Trop de pères se posent encore la question de prendre leur congé paternité, nous voulons qu’il devienne obligatoire et soit allongé à un mois.Cela les fait râler de perdre un peu de pouvoir d’achat, mais ce temps partagé en famille est essentiel.

 
 

Propos recueillis par Clarisse Josselin

 

Focus : Une journée des référents égalité le 16 mars
FO organise le vendredi 16 mars une nouvelle journée des référents égalité au siège de la confédération. Axé sur « Les enjeux actuels et à venir de l’égalité professionnelle », ce rendez-vous sera l’occasion pour les militants de prendre la parole et de revenir sur l’actualité la plus brûlante. Plusieurs intervenants aborderont les thématiques suivantes : l’égalité salariale, la négociation de l’égalité professionnelle, les violences sexistes et sexuelles au travail, et l’articulation des temps de vie à travers la question des aidants familiaux.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante