Psychiatrie : de moins en moins de moyens et des personnels en danger

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Patrick ALLARD/REA

Après le décès d’une infirmière agressée à Reims, les professionnels du secteur de la santé mentale font part une nouvelle fois de leurs inquiétudes quant aux capacités de la psychiatrie publique à faire face, en étant privée de moyens.

N ombre de professionnels de santé ont assisté aux funérailles de Carène Mezino, le 1er juin. Et ils sont venus en tenue de travail pour rappeler dans quel cadre est survenu le décès de l’infirmière. Dix jours plus tôt, Carène et une secrétaire médicale du CHU de Reims avaient été agressées par un patient atteint de troubles psychiques sévères. Or le seul moyen de lutter contre la violence, c’est par la présence de personnel, souligne Géraldine Muséo, secrétaire générale du syndicat FO du Vinatier (Rhône). Cette infirmière sait de quoi elle parle : dans son établissement, en 2015, un infirmier a été poignardé alors que les équipes alertaient sur la saturation des urgences.

Ce drame frappe des collègues de Reims, mais il aurait pu arriver n’importe où en France tant l’hôpital public et la psychiatrie sont en ruine, ont déclaré quant à eux les militants FO du CHU de Clermont-Ferrand. Depuis des années les syndicats tirent la sonnette d’alarme.

Hôpital public : grève et manif le 20 juin

Pourtant les capacités de soins continuent de fondre. Il y a vingt-cinq ans, la psychiatrie publique soignait un million de personnes, note Didier Birig, secrétaire général FO-SPSS et infirmier en psychiatrie. Aujourd’hui c’est deux millions d’usagers, alors que nous sommes passés de 120 000 lits à un peu plus de 40 000. Et le nombre de lits a continué de reculer en 2022 par rapport à l’année précédente (- 0,9 %), alors que 2020 avait déjà connu une baisse substantielle (- 1,2 %) selon la Drees.

Pour 2023 on a déjà recensé la fermeture d’une unité de soins psychiatriques à Saint-Ylie (25 lits) en janvier, la disparition de 17 lits à l’hôpital Epsylan de Blains en mars, 25 lits de moins à Cadillac en avril, autant à l’hôpital Marchant à Toulouse, et 30 lits à Montauban, résume Didier Birig. Et on annonce encore la perte de 33 lits à Laval d’ici quelques mois, au moins 25 lits au CHS de Sevrey, 80 sans doute encore au CHU de Tours.

Pour FO, la priorité doit être au recrutement, et donc à la revalorisation des salaires et des conditions de travail. Dans ce contexte, avec trois autres organisations syndicales du secteur de la santé, la SPS-FO appelle à une journée de grève et de manifestation pour l’hôpital public le 20 juin. Elle tiendra également une nouvelle conférence nationale dédiée au secteur de la psychiatrie le 22 juin.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération