Retraites : Les Suisses décident d’un 13e mois et refusent le report de l’âge légal de départ.

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Syndicat Unia

Dans les rangs conservateurs du pays, les réactions politiques ont été très critiques vis-à-vis des résultats des deux votations du 3 mars dernier. Les Suisses auraient-ils perdu la « raison » ? Eux qui, en 2012, avaient sans difficulté refusé d’allonger la durée légale des vacances et en 2017, avaient rejeté la création d’un revenu minimum, viennent de se prononcer pour l’augmentation de la rente/pension minimale et contre le report de l’âge de la retraite.

Les citoyens helvètes ont voté pour l’octroi d’un treizième mois aux bénéficiaires du régime de retraite de base. Dans un pays plutôt conservateur sur le plan social, 58 % des votants se sont prononcés cependant pour une amélioration de la rente versée aux retraités, qui devrait correspondre à une augmentation annuelle d’environ 8 %. Une victoire pour les syndicats qui espèrent que sera ainsi compensée la perte de pouvoir d’achat affectant depuis plusieurs années les pensions les plus basses. Selon l’Observatoire national (Suisse) de la vieillesse, en 2022, 14 % des retraités suisses étaient sous le seuil de pauvreté (contre 6 % de la population active).

Pour Pierre-Yves Maillard, conseiller aux états et président de l’Union syndicale suisse : Il y a eu la crise du pouvoir d’achat ces trois dernières années, à laquelle le Conseil fédéral et le Parlement n’ont apporté aucune réponse. Face à cette absence de réponse, face à un problème réel, la population a saisi l’occasion qui lui était donnée de changer de cap.

Une opposition forte au décalage de l’âge du départ en retraite

Le même jour, les Suisses étaient également appelés à se prononcer sur une autre réforme, visant à augmenter d’un an d’ici 2030 l’âge légal de départ en retraite (65 ans actuellement), puis de le faire varier en fonction de l’espérance de vie. Cette fois, ils se sont prononcés contre à près de 75 %. L’explication de ce résultat de vote serait à trouver dans la situation le marché du travail. En effet, le chômage des seniors n’est pas un problème exclusivement français. En Suisse, 54 % des chômeurs de longue durée sont âgés de 55 à 64 ans selon les données de l’OCDE.

C’est un grand progrès social pour la Suisse, et cela donne confiance pour l’avenir de notre prévoyance vieillesse. Cela aide notre lutte pour de meilleurs salaires, pour des primes d’assurance maladie supportables et contre le vol des rentes du deuxième pilier, analyse Vania Alleva, présidente du syndicat Unia.

Et la mobilisation pour les droits se poursuit en Suisse. Un autre référendum est en effet prévu dans les prochains mois concernant la réforme de ce que l’on appelle là-bas le deuxième pilier du système de retraite : la retraite professionnelle. Cotisent à ce deuxième pilier tous les travailleurs dont les salaires dépassent 22 050 francs suisses. Or, l’objectif de cette réforme est de baisser le taux de conversion de 6,8 à 6 % et donc de diminuer la rente versée et d’augmenter la part de la population assujettie à ce deuxième pilier en abaissant le seuil d’affiliation obligatoire à 19 045 francs suisses. Une nouvelle votation à suivre !

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération