Une semaine de débrayages chez Calaire Chimie à l’initiative de FO

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Du 6 au 9 mars, FO appelle les équipes à cesser le travail durant deux heures pour dénoncer le manque d’investissement, de matériel ou encore l’imbroglio en matière de représentation du personnel.

Depuis le premier jour d’appel à la mobilisation, le 6 mars, 90 % des opérateurs ont débrayé durant au moins deux heures. L’usine, située à Calais, est spécialisée dans la chimie fine, à destination de l’industrie pharmaceutique ou cosmétique. Elle emploie 80 salariés et tourne jour et nuit, en cinq équipes. Le site avait été racheté fin 2013 par le groupe Axyntis, leader français du secteur. Depuis, les embauches promises n’ont pas été faites et des clients ont été perdus, dénonce Jean-Paul Rozanes, secrétaire général de l’union locale FO de Calais.

Les revendications sont multiples. Premier sujet d’inquiétude, le manque d’investissements et de maintenance. Le P-DG a reçu des aides de la région, mais on n’en a pas vu la couleur, dénonce Xavier Colaert, délégué FO. Les machines tombent en panne les unes après les autres et il ne les fait pas réparer. Plus il attend et plus l’ardoise va être lourde. On se demande où on va, on ne comprend pas. Même les paires de gants ou les seaux sont rationnés. Faute de matières premières, il est arrivé aussi l’an dernier que la production soit interrompue, selon le délégué.

110 000 euros n’ont pas été versés au CE

Dans la Voix du Nord, la direction justifie le manque d’investissement par un déficit de 4 millions d’euros enregistré en 2016. Pour connaître l’état des finances, le comité d’entreprise a désigné un expert comptable. Mais le P-DG refuse de payer cette expertise déplore Xavier Colaert, qui dénonce aussi des bulletins de salaire illisibles, des erreurs dans le paiement du travail du dimanche ou des irrégularités dans l’application des accords… A tous les niveaux il y a des problèmes, on a des valises d’entraves, poursuit le délégué FO.

En matière de représentation du personnel, la colère est tout aussi forte. Le comité d’entreprise n’a pas reçu de subventions pour les années comptables 2015 et 2016, soit un total de 110 000 euros. Un avocat a été saisi du dossier.

FO fait aussi face à un imbroglio. Courant 2017, l’usine Synthexim de Calais, qui appartient au même groupe et compte 40 salariés, doit fusionner avec Calaire Chimie et déménager sur son site.

Les instances ne se réunissent plus

Dans l’attente de ce regroupement, initialement prévu pour 2016, les mandats des représentants du personnel ont été réduits à deux ans. Ils sont arrivés à échéance le 31 décembre 2016. La direction, qui souhaite organiser des élections professionnelles, a refusé de les proroger, explique Jean-Paul Rozanes. Depuis le 1er janvier, il n’y a donc plus de réunions du comité d’entreprise, des délégués du personnel ni du CHSCT. Les élus ne peuvent plus prendre d’heures de délégation. L’usine est classée Seveso et le CHSCT ne se réunit plus, c’est hallucinant, poursuit-il.

Pourtant, selon FO, les mandats n’ont pas échu. En l’absence d’accord d’entreprise actant des mandats de deux ans, leur durée légale reste de quatre ans. Un courrier adressé en ce sens à la direction attend toujours une réponse.

Quant aux prochaines élections professionnelles, aucune date n’est fixée. Le protocole électoral est lui aussi source de conflit. Sept sièges sont à pourvoir au comité d’entreprise, selon FO. La direction, qui ne prendrait pas en compte l’ensemble des effectifs, en dénombre six. Le dossier est désormais entre les mains de la Direccte.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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