Congrès Feets-FO : du public comme du privé, les salariés unis dans le combat contre l’austérité

Entre Militants par Clarisse Josselin, FEETS-FO, Frédéric Souillot, L’inFO militante

Le 13è congrès de la fédération de l’Equipement, de l’Environnement, des Transports et des Services Feets-FO s’est tenu du 9 au 12 octobre à Najac, dans l’Aveyron. Il a réuni près de 300 participants. Cette fédération a la particularité de regrouper des secteurs très différents, certains relevant de la Fonction publique (écologie, environnement, routes, aviation civile, directions départementales interministérielles…) et d’autres relevant du secteur privé (prévention sécurité, compagnies aériennes, autoroutes, nettoyage…). Mais qu’ils soient fonctionnaires ou salariés de droit privé, officiers de port ou agents autoroutiers, tous sont confrontés aux mêmes politiques d’austérité et se sont montrés déterminés à se battre pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail.

C’est à Najac dans l’Aveyron, et sous un soleil de plomb, que s’est tenu le 13è congrès de la Feets-FO, du 9 au 12 octobre. Au programme de ces journées, faire le bilan du mandat écoulé, nous projeter dans l’avenir et débattre pour construire la feuille de route du mandat à venir, comme l’a rappelé le secrétaire général sortant Zaïnil Nizaraly, qui a été réélu à l’unanimité pour un second mandat. Les rapports d’activité et de trésorerie ont également été adoptés à l’unanimité.

Dans le département de l’Aveyron, FO est la première organisation syndicale, avec une représentativité de 30,8% dans le secteur privé. Ces bons résultats renvoient notamment à la volonté de l’équipe d’aller signer un maximum de protocoles d’accord préélectoraux (PAP). FO signe 93% des PAP et se retrouve être le seul syndicat dans six cas sur dix, a expliqué Emmanuel Dumas, secrétaire général de l’union départementale. C’est aussi un département dans lequel la mobilisation contre la réforme des retraites a été sans précédent. A Rodez, préfecture de l’Aveyron qui compte 23 000 habitants, les manifestations ont réuni plus de 30 000 personnes.

Sur ces terres militantes, le congrès a été combatif. Il a réuni près de 300 participants. Parmi les invités, le secrétaire général de la confédération FO, Frédéric Souillot, des représentants de plusieurs fédérations et unions départementales FO ainsi que Franck Mores, président de la Fédération européenne des transports.

Quelque 28 délégués sont montés à la tribune. C’est exceptionnel, on n’avait jamais vu ça lors d’un congrès, s’est félicité Zaïnil Nizaraly. Tous ces intervenants, malgré des statuts, des métiers et des secteurs très différents, ont évoqué des problématiques similaires, autour de salaires trop faibles, de conditions de travail dégradées et d’une libéralisation rampante au détriment des travailleurs.

Notre condition d’ingénieurs et de cadres pourrait laisser croire d’un premier abord que nous n’avons que peu de choses en commun dans nos préoccupations professionnelles avec une partie des délégués ici présents, mais cette fédération est riche de ses secteurs si différents et qui pourtant connaissent les mêmes tendances de fond, a expliqué Édouard Onno, secrétaire général du SNITPECT-FO, syndicat national des ingénieurs des travaux publics de l’État et des collectivités territoriales.

La question des salaires, première préoccupation de FO

La question des salaires est ainsi revenue dans quasiment toutes les interventions. L’augmentation des salaires dans le privé et le public est la première préoccupation de la confédération, comme l’a rappelé Frédéric Souillot. C’est d’ailleurs le sujet principal que le secrétaire général de FO comptait évoquer lors de la conférence sociale du 16 octobre. Et il a déploré que l’État employeur ne soit pas présent à cette réunion alors que 62% des agents de catégorie C sont rémunérés sous le Smic et touchent une prime de compensation. Frédéric Souillot a également rappelé le contexte actuel d’inflation, avec des prix en hausse de 15% pour les produits frais et de 19.2% pour l’énergie. Dans le même temps, les dividendes versés par les entreprises ont augmenté de 13,8% en 2022. Les économistes qui nous disent que par la hausse des salaires on va entretenir la spirale infernale de l’inflation se sont plantés, a-t-il souligné.

Selon Zaïnil Nizaraly, les entreprises du CAC 40 ont versé 67,5 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires l’an dernier, soit… 3,35 millions d’années de Smic. Derrière, il y a les bas revenus, et nous les connaissons bien à la fédération, ce sont par exemple les salariés de la propreté et de la prévention-sécurité, celles et ceux qui ont été applaudis il y a trois ans durant la pandémie, ceux qui étaient remerciés par le président de République le 14 juillet, a-t-il ajouté. Le gouvernement a lancé une mission sur ces travailleurs après la pandémie. Cette mission avait posé des diagnostics assez proches de celles de la Feets-FO, a poursuivi le secrétaire général. Mais la seule réponse a été de renvoyer le sujet aux branches. Et faute de mettre en place des mesures d’ordre public, rien n’a bougé. Dans les autres secteurs, les augmentations des minimas conventionnels se contentent trop souvent de rehausser les premiers échelons au niveau du Smic, ce qui a pour effet de tasser toute la grille de salaires.

Dans la Fonction publique, le pouvoir d’achat de la valeur du point d’indice a baissé de 27,5% depuis l’an 2000, a rappelé François Deneux, secrétaire général du syndicat des personnels de l’équipement et de l’environnement (SNP2E-FO). Les agents de catégories C et B démarrent leur carrière sous le Smic. Les salaires faibles concernent aussi la catégorie A, illustration avec les ingénieurs stagiaires. Cette situation de mise à mal des salaires a des effets particulièrement sensibles outremer, où les prix sont 37% plus élevés que dans l’hexagone, comme l’a rappelé Janick Sidney, secrétaire général de FO Fonction publique à la Réunion. « Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires. Une prime c’est bien, mais (n’étant pas soumise à cotisations sociales, Ndlr) elle ne nous apporte pas de salaire différé », a-t-il ajouté.

Des entreprises de propreté rachetées par des fonds de pension

Dans le secteur du nettoyage, les salaires sont très faibles malgré des conditions de travail particulièrement difficiles. Ce sont des travailleurs de l’ombre qu’on ne voit jamais et qui ont affaire pour beaucoup à de multiples employeurs, qui sont aussi à la tête de familles monoparentales, et qui travaillent tôt le matin et tard le soir, a souligné Jocelyne Martin, du syndicat FO propreté 22. Ils veulent être reconnus par l’augmentation des salaires dans les entreprises et dans la branche, ainsi que par un treizième mois et la revalorisation des primes.

Elle a dénoncé le refus des employeurs d’augmenter les salaires lors des NAO. Ils prétendent ne pas avoir d’argent mais les entreprises de propreté ne sont pas malheureuses, estime la militante, ajoutant que certaines sont en train de se faire racheter par des fonds d’investissement. Au vu des salaires qu’ils versent par rapport aux travaux demandés, ces fonds d’investissement ont vu un gros potentiel, prévient-elle. Concrètement, des moyens !

Abdoulaye Diallo, délégué chez Elior, a aussi dénoncé la faiblesse du montant de la prime Covid versée aux salariés du secteur. Et dès qu’on gagne quelque chose, les employeurs nous surchargent de travail. Levons-nous et battons-nous, a-t-il lancé.

A la Sanef (Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France) c’est aussi pour exiger une hausse des salaires face aux dividendes qui explosent chaque année que les salariés ont fait grève en décembre 2022 et janvier 2023. Les appels ont été largement suivis malgré des réquisitions abusives.

Le secteur aérien est confronté lui au développement du modèle low cost. Ainsi, la compagnie espagnole Volotea est devenue la première compagnie aérienne en France par le nombre de lignes domestiques. Cette montée en puissance est alimentée par des dérogations accordées par l’État français qui exempte Volotea et beaucoup d’autres compagnies low cost de l’application du code du travail, mettant en danger la sécurité des membres d’équipage et des passagers, a dénoncé Stéphane Salmon, président du SNPNC-FO.

Ces dérogations créent une concurrence déloyale qui compromet les emplois et les conditions de travail. Le SNPNC-FO a exhorté les autorités françaises à veiller à ce que toutes les compagnies aériennes respectent pleinement les normes et la réglementation. Le militant s’inquiète aussi de voir Volotea candidater pour desservir la Corse dans le cadre de la délégation de service public, avec une offre deux fois moins élevée que celle d’Air Corsica et Air France. Le SNPNC-FO insiste sur l’importance de préserver les aspects sociaux lors de l’attribution de marchés publics.

Le secteur aérien confronté à la montée en puissance du low cost

La Feets-FO est également remontée contre un accord de « ciel ouvert » signé en décembre 2022 entre l’Union Européenne et le Qatar, pays qui pratique depuis des années un dumping social important au travers de sa compagnie nationale Qatar Airways. Cet accord permet aujourd’hui à Qatar Airways de faire voler des avions sans limitation entre le Qatar et l’Union européenne.

Les salariés des compagnies aériennes French Bee et d’Air Caraïbes on fait grève durant plus de 15 jours en décembre dernier pour dénoncer des conditions de travail dégradées et des rémunérations trop basses qui ne font que détériorer de plus en plus la santé économique, morale et physique des PNC, a dénoncé Stéphane Salmon.

Mais certaines revendications aboutissent. Ainsi, chez Vueling, compagnie aérienne implantée en France depuis 2016, Amaya Martinez, déléguée du SNPNC-FO qui représente les hôtesses et stewards, s’est félicitée de la signature d’un accord d’entreprise avec des augmentations de salaire qui nous permettent enfin de vivre dignement de notre travail et non sous le Smic comme en 2016. Elle a aussi salué le passage de contrats en CDD à des contrats en CDI. Son défi pour 2024 est de négocier un nouvel accord collectif pour garantir de meilleures conditions de travail.

La lutte concerne également les salariés au sol. A l’aéroport de Marseille, où FO est le premier syndicat depuis 2010, d’âpres négociations se sont tenues concernant la réorganisation des personnels postés. Après une grève qui a mobilisé presque 100% des équipes concernées, malgré une réquisition ordonnée par la préfecture, les salariés ont obtenu une augmentation substantielle des primes, la consolidation des effectifs de certaines équipes, de meilleures classifications et une amélioration sur le nombre de week-ends et la pause des congés. Sur l’aéroport, l’emploi a baissé de plus de 10% depuis 2019, alors que le niveau du trafic (la fréquentation du site) est supérieur de près de 10% à celui d’avant-covid. Seule la mobilisation et la défense pied à pied des droits des salariés permettent de maintenir notre capacité à agir et à peser face à l’ensemble des dirigeants des entreprises du transport aérien qui veulent généraliser le modèle low cost au secteur et s’attaquer à tous les fondements de notre modèle social et aux garanties des salariés, a prévenu Michel Tremori, secrétaire général du syndicat FO de l’aéroport.

Le low cost gagne également les sociétés d’assistance en escale, comme l’a dénoncé Julien Le Ridant, délégué FO à l’aéroport de Brest. Depuis janvier 2022, ces services ont été externalisés et attribués à l’entreprise Alisia. Depuis ce jour, il n’y a aucune revalorisation salariale et nous avons la plus grande difficulté à négocier un nouvel accord d’entreprise, a-t-il témoigné. La faiblesse des salaires entraîne des difficultés de recrutement, un énorme turn-over et du sous-effectif, ce qui crée de potentiels risques concernant la sécurité. Pour retrouver des conditions de travail décentes, le syndicat revendique la revalorisation des salaires au niveau de la branche.

40% de fraude à l’examen du code de la route, privatisé

Le secteur du nettoyage est aussi confronté à la course au moins-disant social. Lors des passations de marché, en application de la convention collective, le nouveau prestataire est tenu de reprendre les salariés ainsi que leurs acquis. Mais ce n’est pas toujours le cas. A la gare routière de Lyon Perrache, les salariés du nettoyage ont été victimes d’une guerre commerciale entre les donneurs d’ordre et les prestataires, a dénoncé Najib Mouchtahi, du syndicat FO propreté Ile-de-France. Jusqu’en décembre 2022, le nettoyage des lieux était assuré par l’entreprise de propreté Arc-en-ciel. Mais la Métropole a décidé de confier le marché à une entreprise d’insertion, et de remplacer les salariés en CDI par des personnes en contrats aidés. Malgré deux mois de grève, les salariés n’ont pu empêcher la mise en place d’un plan social.

Le service public est lui aussi de plus en plus confronté à une logique libérale, qui peut se traduire par des privatisations. D’après le gouvernement, les fonctionnaires sont un coût, cette logique économique court depuis une trentaine d’années. Mais si nous n’avons plus de services publics dans la République, nous n’avons plus rien, a prévenu Frédéric Souillot.

Pascale Masé, secrétaire générale du syndicat des inspecteurs et délégués du permis de conduire et de la sécurité routière (Snica-FO), en a donné une illustration sidérante. Depuis 2016, l’examen du code de la route est en effet confié à des entreprises privées. Non seulement ces prestataires font désormais payer 30 euros un examen qui était jusqu’alors gratuit. Mais cette privatisation a introduit des fraudes massives et graves. Environ 40% des examens du code sont obtenus frauduleusement. Avec 2 millions d’examens par an, le marché est juteux, pour des organismes qui plus est agréés par le ministère de l’Intérieur, assure la militante.

En parallèle, les agressions d’inspecteurs du permis de conduire ont été multipliées par 6 depuis 2015, et elles sont de plus en plus violentes. Quand on a grassement payé un résultat favorable au code de la route, on n’admet pas qu’un petit fonctionnaire zélé vienne contrarier un parcours si simple en émettant un avis défavorable à l’examen pratique, a ajouté Pascale Masé. Pour éradiquer définitivement ce mal qui gangrène tout le secteur du permis de conduire, le syndicat, où FO est ultra majoritaire avec plus de 70% de représentativité, revendique l’embauche de 90 inspecteurs et la renationalisation de l’examen du code.

Cette logique économique se traduit par une politique d’austérité qui impacte les conditions de travail des agents. Dans la Fonction publique, il n’y a pas cette année de suppressions de postes dans le projet de loi de finances, mais des milliers d’emplois ont été supprimés par le passé, on était à l’os, a rappelé Le secrétaire général de la fédération. Les collègues subissent une pression constante due à une réduction générale des effectifs dans l’ensemble de la Fonction publique, a témoigné Janick Sidney, secrétaire général de FO Fonction publique à la Réunion. Ça a un effet sur les services rendus aux administrés et les nombreuses réorganisations de services entrainent aussi une dégradation des conditions de travail et une souffrance au travail.

Une contractualisation à outrance de l’emploi dans la Fonction publique

François Deneux, du ministère de la Transition écologique, a également dénoncé les effets de la loi 3DS de février 2022 qui offre notamment la possibilité de transférer des autoroutes, routes ou portions de voies non concédées aux départements, métropoles et régions. Cette loi a pour conséquence une différenciation territoriale où le service public sera rendu selon des intérêts économiques et politiques, selon l’humeur des décideurs locaux, a-t-il alerté. Quelque 10% du réseau routier national pourraient être transférés aux collectivités. Trois grandes régions se sont portées volontaires pour une expérimentation. La région Grand-Est vient d’obtenir la mise en place de l’écotaxe sur les camions en contrepartie d’un transfert de gestion d’une partie du réseau routier. Cela va remettre gravement en cause la cohérence et l’équilibre de la gestion du réseau routier national, c’est la disparition programmée des directions interdépartementales des routes et de futures réorganisations en perspective, a-t-il ajouté. Pour éviter tout démantèlement du réseau routier, le syndicat revendique la création d’un service public des routes nationales et des routes à grande circulation, permettant l’égalité et la gratuité d’accès à tous les usagers.

D’autres réformes pointent leur nez comme le projet de l’Ile-de-France de créer (sur en quelque sorte le mode allemand, Ndlr) son propre länder en récupérant quasiment toutes les compétences nationales, en créant par exemple un Smic régional, un calendrier à part pour les diagnostics de performance énergétique ou le transfert des routes nationales à des EPIC, a alerté Zaïnil Nizaraly. On se bat avec les syndicats pour maintenir un service public républicain, le seul qui puisse garantir l’égalité.

Autre effet de cette logique économique, une contractualisation à outrance de l’emploi dans la Fonction publique, ce qui n’est pas sans poser de problèmes dans l’exercice des missions. Ainsi, à l’Office national des forêts (ONF), les agents effectuent des missions de police pour lesquelles ils sont armés. Mais les contractuels ne peuvent pas être armés, ce qui pose un vrai problème, a expliqué Jean-Christophe Leroy, du ministère de l’Agriculture.

Une motion pour que les JO n’attaquent pas les conditions de travail des salariés

Arnaud Geoffroy, secrétaire général du cartel FO aux voies navigables de France (VNF), a lui aussi dénoncé une précarisation grandissante du personnel avec la multiplication de contrats de droit privé, notamment en CDD. L’établissement a perdu de nombreux postes en dix ans et fait face à des réorganisations qui entraînent des pertes de mission et une dégradation des conditions de travail. Le syndicat, qui revendique la non-mobilité, alors que la mobilité est imposée dans le cadre de ces réorganisations, et revendique aussi le maintien de la rémunération des personnels impactés, va saisir l’opportunité des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de 2024 pour se faire entendre. Les JO vont fortement impliquer le personnel, les deux tiers des sites sont basés sur une voie d’eau, notamment la cérémonie d’ouverture qui aura lieu sur la Seine. Nous voulons en profiter pour mettre la pression, a-t-il expliqué.

Les congressistes ont adopté une motion d’actualité concernant ces JOP. De nombreux secteurs couverts par la fédération seront impactés : prévention-sécurité, propreté, transport aérien, sécurité alimentaire, DIR… Le congrès refuse que les salariés et les agents publics paient l’organisation des JOP sur leurs conditions de travail et leur vie privée préviennent les congressistes. Ils revendiquent des mesures d’accompagnement concrètes en termes de formation, de salaire et d’accompagnement social. Ils refuseront aussi toute velléité de la part des employeurs de déroger aux durées de travail légales.

Le secteur de la prévention-sécurité, qui compte 180 000 salariés munis d’une carte professionnelle, sera particulièrement concerné. Les JOP nécessiteront l’embauche de 20 000 agents qualifiés, dont près de la moitié de femmes. Mais ces recrutements seront difficiles tant le métier manque d’attractivité. La plupart des agents sont rémunérés au Smic et doivent cumuler deux emplois pour vivre, a expliqué Alain-Eric Pappageorgiou, délégué FO chez Fiducial. Dans ce secteur, les dernières négociations salariales de branche ont débouché sur une augmentation 11,4% en trois ans, dont 5% dès janvier 2024. Mais cela ne fait que rattraper l’absence d’augmentations depuis 15 ans, a relativisé Grégory Bellerose, de Prévention 69.

Pour faciliter les recrutements, le gouvernement entend mettre en place une formation réduite et spécifique pour les grands événements, donnant droit à une carte professionnelle provisoire d’un an, contre cinq ans pour la formation classique. Avec cette formation au rabais, les missions ne seront pas complètes et cela posera des problèmes de sécurité. On craint que des employeurs n’abusent de la situation, ajoute Grégory Bellerose, de Prévention 69. FO revendique au contraire une amélioration des salaires et des conditions de travail.

A l’occasion de ce congrès, un hommage a été rendu à Alain Bouteloux, qui a fait valoir ses droits à la retraite. Lors des réunions organisées par FO, il n’était pas rare d’apercevoir cet ancien secrétaire fédéral chargé du secteur de la prévention-sécurité surveiller les entrées, toujours équipé de son oreillette.

Réseau routier : Les accidents impactant les véhicules de service en forte hausse

Zaïnil Nizaraly a aussi pris le thème de l’accidentologie sur les routes pour illustrer les ponts qui relient les différents secteurs au sein de la fédération. Dans le public et le privé, les hommes en jaune et les agents des DIR ont le même intérêt, éviter de mourir au travail, a-t-il synthétisé.

En effet, sur le réseau des directions interdépartementales des routes (DIR), les accidents impactant les personnels et véhicules de service se multiplient. Nous en sommes à plus de 27 accidents depuis le 1er juillet et nous avons déjà à déplorer le décès d’un de nos collègues. L’accidentologie est une préoccupation première dans les DIR où les personnels d’exploitation sont particulièrement exposés, a alerté François Deneux, du SNP2E-FO. Le syndicat s’est emparé de cette question et interpelle systématiquement les ministres et la DRH à chaque accident. Des rapports ont été commandés et ils mettent en lumière une défaillance de l’administration en matière de protection, d’effectifs, de moyens et de conditions de travail. Nos ministres, niant le contenu de ces rapports, détournent l’attention en rejetant la responsabilité sur la seule délinquance routière, a-t-il dénoncé.

La situation est similaire dans le secteur privé. Sur le réseau des Autoroutes du Sud de la France (ASF) il y a eu 44 heurts de fourgons depuis janvier. La direction n’a pas voulu négocier sur la qualité de vie au travail, ni traiter des situations de risque au travail, a dénoncé Jérôme Lucas, délégué FO. Le dialogue social n’a jamais été aussi difficile dans l’entreprise, mais le syndicat FO est plus que jamais déterminé à rétablir le rapport de force en faveur des salariés, d’autant que la maison mère, le groupe Vinci autoroutes, a enregistré 1,5 milliard d’euros de bénéfices en 2022, en hausse de 37% sur un an.

A la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN) aussi, la principale problématique du syndicat FO concerne la sécurité des agents autoroutiers. Malgré la solide santé financière de l’entreprise et d’énormes dividendes versés aux actionnaires, les effectifs sont en baisse. Cette année, 113 véhicules de service ont déjà été percutés et on compte 19 accidents corporels. La politique néolibérale crée de nouveaux risques car il y a moins de salariés et plus de fatigue, a dénoncé Frédéric Leroux. Au niveau de la branche, un accord sur la sécurité du personnel vient d’être finalisé. Nos revendications ont largement été prises en compte. Cet accord servira de socle pour préserver la santé physique et morale de tous les salariés du secteur, s’est félicité le militant. Il a cependant alerté sur un nouveau risque qui menace les conditions de travail avec l’arrivée du « free flow » ou péages sans barrière. Des métiers vont disparaitre au profit de centres de gestion et avec de nouveaux lieux de travail plus éloignés, a-t-il ajouté.

FO en tête au ministère de la Transition écologique

A la tribune, les congressistes ont mis en avant de belles victoires électorales. Lors des élections dans la Fonction publique de décembre 2022, FO est arrivée en tête au ministère de la Transition écologique. Et ce, malgré les difficultés liées à la mise en place du vote électronique. François Deneux a dénoncé un accès disparate à l’outil informatique au ministère de la Transition écologique. Ce procédé électoral s’est révélé être un fiasco a indiqué Jean-Christophe Leroy, du ministère de l’Agriculture : 60% des adresses mail utilisées pour l’envoi des mots de passe étaient fausses, a-t-il souligné. Au final, sur les 46 000 agents appelés aux urnes, 20% n’ont pas pu voter et le taux de participation a scrutin a été de 46%. Mais FO s’est maintenue, avec une hausse de 0,21% des voix en sa faveur. A La Réunion, FO a aussi conservé sa première place dans les services déconcentrés de l’État. Le syndicat a notamment remporté 80% des voix au Parc national.

Plus largement, à l’issue des élections professionnelles de décembre 2022, FO est désormais le 2e syndicat représentatif dans la Fonction publique. Et c’est une première. Quels que soient les outils de campagne que nous ayons mis en place, c’est vous sur le terrain qui avez gagné ces élections, a lancé Frédéric Souillot, le secrétaire général de la confédération, félicitant les militants.

FO enregistre également de beaux résultats dans le secteur privé, où 66% des CSE vont être renouvelés cette année. FO est ainsi la première organisation syndicale dans le secteur aérien. Le SNPNC-FO, qui représente les hôtesses de l’air et stewards, a remporté 80% des voix chez Transavia, et affiche une représentativité de 50% au sein de la compagnie. FO est également arrivée en tête chez Air France. Elle a par exemple remporté 100% des voix à l’aéroport de Brest-Bretagne. A l’aéroport de Marseille, où 13% des effectifs permanents adhérent à FO, le syndicat a obtenu 50% des suffrages, dont 72% des voix dans le collège des ouvriers et employés et 55% dans le collège encadrement techniciens. Par ailleurs, une union locale FO vient de voir le jour à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.

Dans le secteur de la propreté, chez GSR, sur 13 CSE à mettre en place, FO a présenté des listes dans 5 agences. Le syndicat a enregistré 100% de représentativité dans 3 agences, 93% dans la quatrième et 5,75% dans la dernière. Au port de Sète (secteurs commerce, plaisance et pêche), FO a remporté 67,5% des voix. Dans le secteur maritime, la fédération vient également d’accueillir un nouveau syndicat, le syndicat maritime Nord.

La résolution générale a été adoptée à l’unanimité. De nombreux combats nous attendent à l’avenir, la fédération est prête à les mener, vous êtes prêts à les mener. Nous ne pouvons pas anticiper toutes les évolutions et les ruptures qui se produiront dans le futur, on ne peut pas anticiper le futur. Mais ce dont on eut être certain, c’est que demain comme aujourd’hui, nous n’aurons à compter que sur nous-mêmes, a conclu Zaïnil Nizaraly.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

FEETS-FO Équipements, environnement, transports et services

Frédéric Souillot Secrétaire général de Force Ouvrière

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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