Dialogue social : la politique de la marche forcée ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

La récente annonce par la ministre du Travail d’une éventuelle pratique du référendum en entreprise n’est pas passé inaperçue et nombre de médias se sont penchés sur la réalité du dialogue social en France. Aperçus.

Challenges
La ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du... Dialogue social « a pris tout le monde de court, en annonçant la semaine dernière, qu’en cas d’accords minoritaires dans les entreprises, les salariés pourraient être consultés par référendum pour les valider. Imposer le référendum en entreprise, évoquer la piste de la dégressivité pour les prochaines règles d’indemnisation chômage : le gouvernement bouscule les syndicats et porte un coup de canif au dialogue social ». Un « coup de canif » ? Un canif de Jarnac ? « Le président de la République "dit qu’il est pour le dialogue social, mais c’est un dialogue social qu’il pilote. C’est une tradition française : un État régulateur avec un dialogue social sous tutelle et sous contrainte budgétaire", analyse René Mouriaux, chercheur honoraire à l’institut Cevipof. En ce sens, "il n’est pas en rupture avec ce que faisait Sarkozy et Chirac" », relativise-t-il. Y-aurait-il une relation ?

Le Point
« En imposant le référendum dans les entreprises en cas d’accords minoritaires, la ministre du Travail Myriam El Khomri renonce-t-elle à la démocratie sociale ? » De quoi faire passer l’arme à gauche à la démocratie sociale ? En tous cas, « Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, l’a immédiatement interprété comme "une manière de court-circuiter les syndicats", l’Unsa comme une "opposition à la démocratie représentative". Jean-François Amadieu, professeur à l’université Paris-1 et spécialiste des relations sociales, s’étonne du procédé. Cette idée de référendum devrait "être un sujet de négociation entre partenaires sociaux. Pourtant Mme El Khomri ne l’évoque même pas". "C’est un renoncement à la démocratie sociale", tranche-t-il. "C’est bien sûr pour court-circuiter les syndicats", appuie René Mouriaux », de l’institut Cevipof.

Les Echos
Une mesure qui « est aussi un changement de ligne : réclamée de longue date par le patronat ». Car, après avoir assuré en novembre qu’elle n’était « pas là pour contourner les syndicats", Myriam El Khomri se défend à présent de "mettre en opposition les salariés et leurs organisations." Elle pointe que le vote ne remplacera pas les négociations et qu’il "sera à la main des syndicats, pas des entreprises". Il faut "donner cette capacité d’entendre aussi les salariés" », insiste-t-elle Surtout quand ils ont le canif dans le dos.

Sud-Ouest
Bref, « les branches au plus près de la réalité », selon le gouverneur de la Banque de France. La réalité du pot de terre contre le pot de fer.

L’Obs
Et le gouverneur de réciter le credo : « Outre l’amélioration en cours de la compétitivité du coût du travail, grâce notamment au CICE, nous devons avancer vite dans quatre domaines : l’apprentissage ; la stabilisation et la simplification de nos règles, y compris le droit du travail ; le développement de l’entrepreneuriat ; et la décentralisation du dialogue social vers l’entreprise ». Où ce sera la réalité du marche ou...

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante