Insee : un nouvel indicateur pour mesurer les inégalités

Revenus par Mathieu Lapprand

Pour la première fois, l’Insee publie une cartographie des revenus disponibles des Français à l’échelle de chaque commune en 2012. Elle permet de constater l’ampleur des inégalités et fractures, sociales et territoriales, dont souffre la société française.

En France métropolitaine, le taux de pauvreté, c’est-à-dire le pourcentage de ménages vivant sous le seuil de pauvreté (fixé à 987 euros par mois), est le plus élevé dans le Nord, le Sud-Est et en Seine-Saint-Denis : plus de 20 % de la population. À l’opposé, la Bretagne et les Pays de la Loire connaissent les taux les plus faibles (moins de 11 % de la population).

Et ce sont ces deux régions qui connaissent les inégalités les plus faibles parmi leur population : les 10 % les plus riches y perçoivent un revenu 4 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres. En Île-de-France en revanche, comme sur le bassin méditerranéen, les inégalités sont beaucoup plus importantes. Les écarts de revenus sont de 1 à 7,4 pour l’Île-de-France et autour de 6,5 pour le Languedoc-Roussillon, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse.

Une géographie des niveaux de vie

Pour l’Insee, les grands centres urbains sont les 230 agglomérations sur le territoire qui comptent plus de 10 000 emplois. L’institut constate qu’« au sein des grandes aires urbaines, le taux de pauvreté est presque toujours plus élevé dans les villes-centres. Il atteint parfois deux ou trois fois celui des banlieues et plus de quatre fois celui des couronnes périurbaines (voire sept fois dans l’aire de Mulhouse : 30 % dans la ville-centre contre 4 % dans la couronne) ». Mis à part Paris et Lyon, les niveaux de vie sont donc toujours plus élevés en banlieue qu’en centre-ville. Cette géographie des niveaux de vie montre également une surreprésentation des niveaux de vie les plus élevés dans les villes et les aires urbaines. C’est le cas notamment à Paris et autour des grandes capitales régionales, mais aussi tout le long de la frontière franco-suisse.

Pour les plus modestes, le revenu disponible dépend beaucoup du niveau des prestations sociales. L’étude permet d’en mesurer l’effet protecteur et de mettre en évidence les disparités géographiques. Pour les 10 % les plus pauvres, 35 % de leurs revenus proviennent de ces prestations, mais ce taux varie fortement selon les régions : il est de 27 % en Corse et de 48 % en Nord-Pas-de-Calais. À l’opposé, pour les 10 % les plus riches, les revenus du patrimoine contribuent pour plus de 25 % à leur revenu disponible.

L’Insee a d’ores et déjà annoncé que son nouveau dispositif permettra à l’avenir d’affiner encore son étude et d’analyser à l’échelle infracommunale les inégalités et les niveaux de revenus. Une étude à suivre pour observer au plus près les revenus des Français. 


Zoom : Un nouvel indicateur
D’après l’Insee, l’utilisation du dispositif Filosofi (pour fichier localisé social et fiscal) permet de reconstituer le revenu disponible des ménages déclaré avant impôts, ainsi qu’après leur paiement et la perception des prestations sociales, et ce, au niveau infracommunal.
Jusqu’à présent, les études analysaient séparément les données fiscales issues de la Direction générale des Finances publiques et les données sur les prestations sociales émanant des principaux organismes gestionnaires (Cnaf, Cnav, CCMSA), mais cet indicateur de richesse des ménages ne recouvrait que le niveau départemental.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante