Délocalisations chez Engie : la justice donne raison aux syndicats

Energie par Evelyne Salamero, FNEM FO

© Denis ALLARD/REA

La justice a tranché le 13 décembre en faveur du Comité d’établissement et des syndicats du pôle des activités clientèle d’Engie (ex GDF-Suez). Le TGI de Nanterre a enjoint l’énergéticien d’informer et de consulter le CE sur ses intentions en matière de délocalisations et lui a ordonné de cesser de développer la sous-traitance à l’étranger tant que cela n’aura pas été fait.

En dix ans, Engie Commercialisateur (services clientèles) a délocalisé près de 1 200 emplois en centres d’appels dans des pays où le coût du travail est beaucoup plus faible qu’en France, comme le Maroc, le Portugal, l’Ile Maurice et, plus récemment, le Cameroun et le Sénégal.

Pour s’affranchir d’une information-consultation du Comité d’établissement la direction prétendait qu’il ne s’agissait que d’une expérimentation.

En septembre, l’énergéticien avait toutefois indiqué avoir décidé de pérenniser une expérimentation consistant à réaliser certaines activités de la relation clientèle […] hors de France afin de répondre à la nécessité […] de réduire les coûts.

Des économies « en catimini »

De fait, le groupe a décidé début 2016 d’un plan d’économies sur les coûts de fonctionnement de 1,2 milliard d’euros d’ici à 2018 (le plan « Lean 2018 »), ce qui a représenté un effort supplémentaire de 50% par rapport au rythme annuel d’économies des années précédentes.

Les syndicats dénonçaient depuis longtemps ces délocalisations croissantes comme une stratégie bien ordonnée de dumping social, mise en œuvre « en catimini ».

Face au refus obstiné de la direction d’informer et de consulter le Comité d’établissement, FO et quatre autres organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT), réunies en intersyndicale depuis le 29 août, ont donc décidé d’assigner Engie en justice.

La forte mobilisation des personnels a pesé dans la balance

Elles ont également appelé à la grève le 26 septembre et le 14 novembre.

Nul doute que la forte mobilisation des personnels à ces deux dates, ainsi qu’à à l’occasion du rassemblement devant le tribunal le jour de l’audience, le 22 novembre, a pesé dans la balance.

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Nanterre a enjoint Engie d’informer et consulter le comité d’établissement sur le projet de pérennisation et d’extension des activités de sous-traitance à l’étranger.

Les syndicats demandent à Engie SA de revenir au centre du jeu pour parvenir à un accord

De plus, l’extension à tout nouveau prestataire à l’étranger, à toute nouvelle destination et le renouvellement du dispositif prévu au 1er janvier 2019 ne pourront être mis en place avant la réalisation de l’information consultation » du comité d’établissement.

Cette décision de justice est une victoire pour l’intersyndicale dont l’action est soutenue par une mobilisation exemplaire des salariés se réjouissent les cinq organisations syndicales, dans un communiqué commun du 13 décembre, qui demandent maintenant à la direction d’Engie SA de revenir au centre du jeu pour parvenir à un accord sur la garantie des emplois.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

FNEM FO Énergie et Mines