Rien ne va plus à la Monnaie de Paris

Emploi et salaires par Jamel Azzouz

A l’appel notamment de FO, une cinquantaine de salariés de la Monnaie de Paris ont débrayé une demi-journée le 22 avril sur le site de Pessac (Gironde), qui emploie 200 personnes. Un mouvement d’ampleur en plein congés scolaires, ayant conduit à l’arrêt de la production sur ce site dédié à la frappe de pièces de collection et de monnaie courante (fabrication des pièces en euro).

« Effet noria »

Pour FO, il s’agissait de dénoncer la célérité avec laquelle l’employeur a décidé d’appliquer à la lettre le blocage des traitements des fonctionnaires (point d’indice) et la hausse unilatérale et « ridicule » de 1% en moyenne pour les contractuels en 2014 (hors primes d’ancienneté). « Une politique salariale qu’il n’a eu de cesse de renforcer par "l’effet de noria" – départs des anciens remplacés par des jeunes moins payés – depuis que l’État a transformé en 2007 l’institution séculaire en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). »

Le syndicat dénonce aussi les suppressions d’emplois : « 20 postes de moins sur 200 à Pessac et 13 de moins sur les 300 du quai de Conti à Paris, où sont frappées des médailles et des monnaies en métaux précieux. » Mais la direction n’en démord pas, assurant que l’effectif total restera stable. « Il y a eu 51 embauches en 2013 et on en prévoit 44 en 2014 », affirme-t-elle à Sud Ouest, avant d’indiquer, par ailleurs, que l’EPIC doit s’adapter à « l’export des pièces de collection ». Sauf que, pour être compétitif sur ce terrain-là, fait remarquer Pierre Rayne (FO), « il faut une vraie stratégie, à l’instar de celle du Canada qui a investi 60 millions de dollars en 2011 pour étendre ses installations, qui lui permettront d’augmenter la production de 2 milliards d’unités par an et de prendre 15% du marché mondial d’ici à 2020 ». Et non pas, ajoute-t-il, « investir, comme l’a fait la Monnaie de Paris, dans un restaurant et un musée pour plus de 60 millions d’euros ».

Jamel Azzouz Journaliste