Le gel salarial fait fondre le pouvoir d’achat des agents

Service Public par Valérie Forgeront

Sauf à nier la réalité, il est impossible de taxer les fonctionnaires de nantis. Depuis 2010 le point d’indice, la base servant au calcul de leurs salaires, est gelé. Or la hausse des prix s’est établie à 2,1% en 2011, à 2% en 2012, puis à 0,9% en 2013. Pour 2014, l’inflation est estimée à 1,4%. Conséquences ? Le pouvoir d’achat des agents publics commence sérieusement à fondre. La Fédération générale des Fonctionnaires FO (FGF FO) estime ainsi la perte à 16% depuis 2000. Rien qu’en quatre ans, la baisse du pouvoir d’achat est importante, explique la FGF FO, exemples à l’appui. Ainsi, un adjoint administratif de catégorie C (la plus basse) qui percevait un salaire net de 1 432,13 euros en 2010 perçoit aujourd’hui 1 410,04 euros. L’augmentation de 7,85% à 9,14% de la retenue pour pension, appliquée à tous les agents, a en effet conduit à une baisse du salaire net. Toutefois, si le salaire de cet agent avait suivi l’inflation, il s’élèverait à 1 510,04 euros. Chaque mois, l’agent perd donc 100 euros net. Selon ce même calcul, un secrétaire administratif (cat. B) perd lui 122,83 euros. Pour un professeur des écoles (cat. A), la perte s’élève à 152,81 euros. Pour un administrateur civil (cat. A+), il s’agit de 183,20 euros...

L’URGENCE D’UN RATTRAPAGE SALARIAL

Selon les pouvoirs publics toutefois, les agents ne perdraient rien grâce à leur ancienneté et aux primes... Faux, rétorque FO, rappelant que le GVT (le glissement vieillesse technicité) traduit sur le plan salarial la progression logique dans la carrière, mais « n’a pas vocation à compenser l’inflation ». Quant à la GIPA, la garantie individuelle de pouvoir d’achat, créée en 2008, « elle est la démonstration qu’il y a bien un problème de pouvoir d’achat ! », ironise Christian Grolier, le Secrétaire général de la FGF FO. Versée tous les quatre ans, la GIPA ne concerne pour l’instant que 360 000 fonctionnaires. Par ailleurs, elle n’équivaut mensuellement qu’à quelques euros pour un agent de catégorie C. De son côté, la PFR (prime de fonctions et de résultats), créée en 2009, prétend rétrocéder aux agents la moitié des gains obtenus par l’État à travers la suppression d’effectifs. Contestée par FO, cette prime liée à l’occupation d’un poste et à la performance de l’agent ne s’applique pas à la catégorie C. Par ailleurs, « par son mode de calcul, cette prime crée une grande inégalité entre les agents », remarque Christian Grolier. Pour la FGF FO, le rattrapage du pouvoir d’achat est donc une « nécessité urgente », et cela passe par une hausse générale des salaires à hauteur de 8%.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante